Le politologue tunisien Riadh Sidaoui est revenu, dans une déclaration à leconomistemaghrebin.com, sur le bilan de l’année 2017 et les perspectives de l’année 2018 pour la Tunisie.
Le directeur du Centre arabe de recherche et d’analyse politique (CARAPS) à Genève a préféré commencer en commentant la visite du président turc Recep Tayyip Erdoğan à Tunis. Il a considéré que les relations économiques entre la Tunisie et la Turquie ne sont pas complémentaires. Il s’agit de relations de grande concurrence d’après lui. Cela date de l’époque de Ben Ali, précise-t-il.
D’après lui, le tourisme turc, avec d’autres pays concurrents, a beaucoup nui au tourisme tunisien avec la pratique du bradage des prix dans les services touristiques. De plus, avec la Turquie, sur le plan des échanges, il ne s’agit pas d’un rapport gagnant-gagnant. A part l’aéroport d’Enfidha, dont la performance n’est pas encore prouvée, la Turquie n’a pas de grands investissements en Tunisie, précise-t-il.
Riadh Sidaoui a affirmé qu’Erdoğan, lors de sa dernière visite, n’a pas respecté les protocoles diplomatiques : son attaque contre le président Syrien Bachar Al Assad, lors de la conférence de presse tenue au Palais de Carthage, en le qualifiant de terroriste, constitue une violation flagrante du protocole en usage.
Par ailleurs, Riadh Sidaoui a exclu la possibilité que le président turc coopère avec la Tunisie concernant l’envoi des terroristes tunisiens dans les zones de conflit, lui qui leur a ouvert les frontières pour commettre des attentats en Syrie. D’après notre interlocuteur, les services de renseignements turcs ont facilité le passage en Syrie de plusieurs terroristes venant de plusieurs pays et pas seulement de Tunisie.
Riadh Sidaoui présente un bilan mitigé pour 2017 et se dit optimiste pour 2018
Interpellé sur le bilan de l’année 2017, Riadh Sidaoui a indiqué que pendant l’année 2017, la diplomatie tunisienne a retrouvé son équilibre et sa neutralité, contrairement à la période de la Troïka où l’Etat tunisien s’était inscrit dans l’axe du Qatar et de l’Arabie saoudite.
Concernant le terrorisme, notre interlocuteur s’est félicité que la deuxième saison touristique se passe sans acte terroriste, ce qui a favorisé la relance du secteur touristique. « Les forces de l’ordre ont pu réaliser plusieurs prouesses cette année et ont gagné du terrain contre les terroristes. D’ailleurs l’attentat terroriste perpétré à l’arme blanche contre le commandant Riadh Barrouta, devant l’Assemblée des représentants du peuple ( ARP ), montre bel et bien que les terroristes sont en perte de vitesse en Tunisie », dit-il.
Au niveau du paysage politique et des libertés, notre interlocuteur s’est félicité du fait que la liberté d’expression et la démocratie constituent un véritable acquis en Tunisie. À ceux qui considèrent que l’époque Ben Ali était meilleure, il répond : « Pour l’homme, ce qui est matériel et économique n’est pas le plus important, par contre La liberté est l’essence de son existence, c’est la chose la plus précieuse qu’il doit chercher à sauvegarder. La Tunisie est à présent un modèle à suivre dans le monde arabe », se félicite-t-il.
Cependant, il a regretté, par la même occasion, que durant 2017, les gouvernements successifs n’aient pas su assumer leur rôle d’Etat providence pour une meilleure protection des citoyens en Tunisie. » Pour le gouvernement d’Union nationale, j’aurais aimé qu’il englobe d’autres sensibilités politiques comme le Front populaire pour éviter les tensions », a-t-il regretté.
Répondant à notre question sur les perspectives pour 2018, Riadh Sidaoui a estimé qu’avec la relance du tourisme, un pan essentiel de l’économie nationale, la situation s’améliorera en Tunisie.
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