Sept ans après la révolution tunisienne, les revendications sociales qui ont conduit à la chute de la dictature sont restées les mêmes, à savoir liberté, emploi et dignité. La transition semble faire du surplace, au grand dam des Tunisiens qui sont à nouveau descendus dans la rue. Aujourd’hui, la grogne sociale enfièvre le processus démocratique.
Depuis le début de la semaine, les manifestations se sont multipliées dans plusieurs villes du pays. En cause: la loi de finances 2018 qui a provoqué des hausses de prix touchant durement les couches sociales les plus sinistrées. En marge des rassemblements, qu’en pensent les acteurs politiques sept ans après la révolution?
L’unique rescapé des acquis démocratiques « n’est autre que la liberté », affirme Mohamed Jemour, vice-secrétaire général des Patriotes démocrates unifiés; en ajoutant: « Cette liberté pourrait être remise en cause car l’alliance au pouvoir veut à tout prix défendre ses propres intérêts plutôt que ceux des citoyens. »
Et de poursuivre: « La situation économique s’est détériorée. Tous les indicateurs sont au rouge, un taux de chômage en hausse, le seuil de pauvreté ne cesse de s’agrandir ou encore le nombre croissant des suicides, qui lui aussi est en augmentation. Il y a un réel désespoir des jeunes. »
« Ce peuple a fait des sacrifices. Or ce qu’il veut, c’est de se faire respecter pour que la justice sociale règne », a-t-il renchéri.
De son côté Leila Chettaoui, députée du bloc parlementaire Machrou3 tounes, déclare: « Je pense que ce gouvernement devra dans les semaines à venir donner des messages forts en termes de politique sociale, sécuritaire et de lutte contre la corruption. Et montrer qu’il a la capacité d’être à l’écoute de la rue et de prendre des décisions. De ce fait, le courage, l’empathie et le parler vrai devront être présents. »
Il est peut-être temps que le regard du gouvernement change, s’insurge Ghazi Chaouachi, député du Courant Démocrate. « Il faut plus d’audace et de courage de la part du gouvernement. »
Il ajoute: « Ce que je reproche à ce gouvernement, c’est son manque de volonté à faire bouger les choses. A titre d’exemple, tout le monde se projette sur les élections de 2019, alors que c’est le moment où jamais de trouver des solutions urgentes. Le statu quo vide la révolution de sa substance lorsqu’il s’agit de dignité et d’emploi. Si le gouvernement peut prouver que l’année 2018 sera l’année de l’emploi, je ne demande qu’à le croire. »
M. Chaouachi conclut: « Sept ans dans l’histoire d’un pays, ce n’est rien du tout. Il faut compter au moins une vingtaine d’années pour faire le bilan. Aujourd’hui, nous nous trouvons dans une phase de construction avec à notre défaveur le regard extérieur qui est loin d’être favorable. »
Garantir la stabilité sociale, économique et politique sont les éléments clés de la réussite de la transition démocratique. L’heure est aux décisions salutaires, ni plus ni moins.