La conquête des libertés n’a pas été suivie par des réussites économiques. Bien au contraire, la situation économique du pays est bien pire que celle qui prévalait en 2011. Analyse.
La Tunisie « fête » le septième anniversaire de la révolution alors qu’elle passe somme toute par un moment difficile. Les premiers jours de l’année ont été marqués par des actes de violences et des vols qui ont éclaté dans les régions du pays.
Un scénario qui s’est produit plus d’une fois depuis la révolution du 14 janvier 2011.Un véritable gâchis lorsqu’on sait que ces actes de violences et ces vols constatés ne font que ternir davantage le quotidien de nombreux tunisiens qui n’ont vu dans la révolution tunisienne pas que des réussites.
Certes le Tunisien est plus libre de ses faits et gestes. Et de ses paroles. Fini le temps en effet où tout un chacun se retournait pour observer qui l’écoute lorsqu’il émet la moindre critique. Fini le temps où le pays était quadrillé par un régime dictatorial qui disposait des citoyens comme les suzerains disposaient dans le Moyen âge des vassaux.
Mais force est de constater que cette liberté acquise a eu pour ainsi dire son revers de la médaille. Car, et sur le plan économique, auquel on ne peut porter que de l’intérêt, la situation n’a fait que se dégrader.
Amplification des problèmes et exacerbation des tensions
Il n’y a pas comme on dit photo : la situation du pays est sur ce terrain bien pire que celle de 2011. Certes, la Tunisie n’était pas la Suisse. Les difficultés économiques existaient bien. Et ce, malgré la propagande du régime qui prévalait avant cette date. Et qui nous présentait la Tunisie sous les traits d’un pays quasiment exceptionnel.
Tout un chacun peut à l’heure où tout le monde cherche à dresser le bilan d’une révolution trahie être d’accord sur quelques vérités qui constituent sans doute les germes d’un certain mal économique tunisien.
La plus importante, c’est sans doute que nous avons perdu trop de temps à nous occuper de la chose politique. Avec quelquefois des débats sans doute bien inutiles. Comme celui de l’authenticité. Une partie du pays se trouvant dressée face à une autre.
Il n’y en avait que pour la constitution, la défense des droits de l’homme,…
Il suffisait d’observer les premières années qui ont suivi la révolution du 14 janvier 2011 pour se rendre compte de cette vérité. Il n’y en avait que pour la Constitution, la défense des droits de l’Homme, la liberté de la presse, etc.
Et pendant ces premières années, les gouvernants ont dépensé pratiquement sans compter. Ils ont gonflé les rangs des administrations et ceux des entreprises publiques. Sans penser aux conséquences.
Pouvaient-ils du reste faire autrement, notent certains? Devant la pression de la rue qui réclamait le droit à l’emploi. Un des slogans de la révolution tunisienne n’était-il pas du reste d’offrir un emploi à tous?
Parallèlement à cela les salaires ont été augmentés. Toujours sans penser et aux conséquences sur le budget de l’Etat et sans que cela soit suivi par une augmentation des productions et de la productivité.
Bien au contraire, et les vérités doivent être dites, et face à la faiblesse de l’Etat, des employés sont devenus quasiment réfractaires à tout ordre établi. Souvenez-vous des vagues «dégagistes»; les premiers responsables n’avaient qu’à se tenir à l’écart. Sinon.
Et les jacqueries fusaient de partout pour réclamer un «dû». On faisait grève, on bloquait la production et les routes pour tout ou rien. Et ce, lorsqu’on ne saccageait pas des locaux publics ou privés.
Aggravant la situation sécuritaire qui souffrait déjà d’un terrorisme venu d’ailleurs et d’une corruption et d’une contrebande qui n’ont cessé de gangrener des pans entiers de l’économie. Synonymes de fraude fiscale qui n’a pas fini de faire parler d’elle?
Eloignant de ce fait les investissements et toute velléité d’aller de l’avant pour quiconque souhaite produire et créer de la valeur.
De nombreux dirigeants multipliaient, par ailleurs, les erreurs. Souvent exclus de tout exercice du pouvoir pendant des décennies, certains se sont retrouvés en effet aux commandes d’un Etat dont ils ne connaissaient pas le fonctionnement.
Des responsables se sont vu reprocher, dans cet ordre d’idées, de considérer l’Etat et ses finances comme un butin. N’ont-ils pas gonflé le nombre des ministres et autres secrétaires d’Etat? Les salaires de ses derniers? N’ont-ils pas cherché à obtenir des dédommagements… ?
Tout cela ne pouvait ne pas ne pas avoir des conséquences sur l’économique. Un proverbe français dit «Qui mal sème, mal récolte».