Il est bien connu que les plats transformés contiennent des ingrédients dont on pourrait bien se passer. Les travaux scientifiques ont par le passé établi un lien entre ce type d’aliments et bon nombre de pathologies; seulement aucune étude n’a jusqu’à présent trouvé d’association entre la consommation d’aliments ultra-transformés et les cancers.
Une étude française a été menée par des chercheurs de l’Inserm, de l’Inra et de l’Université Paris 13 (Centre de recherche épidémiologie et statistique Sorbonne Paris Cité, équipe EREN) ayant inclus 104 980 participants de la cohorte NutriNet-Santé dont la consommation alimentaire a été évaluée et suivie entre 2009 et 2017 ; une période durant laquelle 2 228 cas de cancers ont été diagnostiqués et validés. Partant de ces résultats, les scientifiques ont estimé qu’une augmentation de 10% de la proportion d’aliments ultra-transformés dans le régime alimentaire serait associée à une augmentation de plus de 10% des risques de développer le cancer et un cancer du sein en particulier.
Selon les chercheurs, la moins bonne qualité nutritionnelle des aliments ne serait pas l’unique facteur déterminant cette association, les produits ajoutés, les procédés de transformation, ainsi que les matériaux entrant en contact avec les aliments, sont mis en jeu dans les résultats trouvés.
Un constat alarmant si l’on prend au pied de la lettre ce lien, qui rappelons-le n’est pas déterminé par une relation de causalité.
Le British Medical Journal, dans lequel l’étude a été publiée a, à cette occasion, consacré un éditorial intitulé : « Aliments ultra-transformés et cancer, la possibilité d’un lien mérite une exploration ultérieure avec prudence », soulignant que les autres facteurs relatifs au mode de vie n’étaient pas suffisamment exploités.
Les critiques ont fusé sur la signification du terme « aliments ultra transformés », les scientifiques s’appuyant sur la classification NOVA qui permet de catégoriser les aliments selon quatre groupes qui définissent la notion d’aliments ultra transformés comme suit : « comprend par exemple les pains et brioches industriels, les barres chocolatées, les biscuits apéritifs, les sodas et boissons sucrées aromatisées, les nuggets de volaille et de poisson, les soupes instantanées, les plats cuisinés congelés ou prêts à consommer, et tous produits transformés avec ajout de conservateurs autre que le sel (nitrites par exemple), ainsi que les produits alimentaires principalement ou entièrement constitués de sucre, de matières grasses et d’autres substances non utilisées dans les préparations culinaires, telles que les huiles hydrogénées et les amidons modifiés.
Les procédés industriels comprennent par exemple l’hydrogénation, l’hydrolyse, l’extrusion, et le prétraitement par friture. Des colorants, émulsifiants, texturants, édulcorants et d’autres additifs sont souvent ajoutés à ces produits ». Une définition trop vaste qui englobe l’écrasante majorité des aliments qu’un individu pourrait consommer.
Pour rappel, l’OMS avait publié une étude montrant que la consommation quotidienne de viande transformée peut augmenter de 18% le risque de souffrir d’un cancer colorectal, tout en rappelant que ce type de viande consommée en petites quantités, ne représente aucun risque.
L’étude, à relativiser donc, est un premier pas vers d’autres travaux scientifiques dont le prochain portera sur les additifs alimentaires.
Une fois de plus, une étude rappelle que la modération, la qualité des produits alimentaires et un mode de vie sain sont des joyaux qu’il vaudrait mieux garder précieusement pour rester en bonne santé.