Robert Blotevogel représentant du FMI en Tunisie a affirmé, lors de son passage sur les ondes radiophoniques d’Express fm, que le Conseil d’administration du FMI a décidé, vendredi dernier, de conclure la deuxième revue du programme du mécanisme élargi du crédit. Cela veut dire que le Conseil d’administration s’est prononcé d’une manière positive sur la mise en place d’un certain nombre de décisions cruciales dont la libération du décaissement de la troisième tranche du crédit, à savoir 250 millions de dollars.
Par ailleurs, Robert Blotevogel a évoqué l’existence d’une ancienne prévision qui consistait à faire deux revues par an; alors que les autorités tunisiennes et le Conseil d’administration du FMI ont convenu à ce stade qu’il serait utile d’accélérer et/ou raccourcir la fréquence des revues pour passer à un rythme de trois revues trimestrielles. «Si tout va bien, il y aura trois revues pendant le reste de l’année 2018», affirme-t-il.
Dans le même contexte, le représentant du FMI en Tunisie a affirmé que le montant des tranches est déjà calculé parce que le montant total du programme est de trois milliards de dollars. «La seule chose qui a changé est la fréquence du décaissement. Le montant total par décaissement sera un peu réduit et cela sera compensé par le fait qu’il y aura plus de décaissements», annonce-t-il.
D’après lui, l’avantage du nouveau schéma est de permettre au FMI de prendre le pouls de l’économie tunisienne dans des délais plus serrés et par la suite «nous aurons l’occasion d’envoyer des signaux de confort à la communauté internationale et à la population tunisienne que l’économie tunisienne évolue dans le bon sens et que la mise en place des réformes suit le rythme convenu», explique-t-il.
Le deuxième avantage consiste à rendre plus actives les discussions entre FMI et le gouvernement tunisien afin de développer des solutions pour tout changement de perspective économique, d’après Robert Blotevogel. «On sait tous que la situation économique en Tunisie est en train d’évoluer rapidement et si on peut trouver des solutions à des problèmes dans des délais serrés, on ne peut qu’aider», affirme-t-il.
Le FMI fera tout son possible pour aider la Tunisie pour réussir sa transition politique et économique, soutient le représentant du FMI. Dans le même contexte, il a rappelé que plusieurs indicateurs économiques ont enregistré des signaux négatifs et que cela ne correspond pas aux espoirs des Tunisiens.
Répondant à une question qui porte sur la perception du Conseil d’administration du FMI de la Tunisie, Robert Blotevogel a indiqué que le Conseil a fait un constat sur les vulnérabilités macroéconomiques qui se sont accrues durant les dernières années (taux d’inflation, taux d’endettement, déficit budgétaire et autres). Cependant, les autorités tunisiennes ont pris un certain nombre de décisions appréciées par le Conseil d’administration, comme la loi de Finances 2018 qui amorce la consolidation budgétaire, en visant la réduction du déficit budgétaire.
Expliquant l’importance de la loi de Finances 2018, l’économiste a affirmé que le déficit budgétaire est la cause de la pression inflationniste et exerce une pression continue sur le taux de change. Revenant sur le rôle de la BCT dans la crise, il a salué les mesures prises par la BCT, à l’instar de la révision à la hausse du TMM, son effort pour la stabilité des prix. Et s’ajoute à cela que toutes les décisions ont été justifiées et bien communiquées.
Par ailleurs, Robert Blotevogel a déclaré : il est clair que la situation économique n’est pas à la hauteur des attentes et des espérances des Tunisiens et cela est dû à l’élévation du taux de chômage, les inégalités entre les régions, les inégalités hommes/femmes. A « un moment donné, il faudra prendre les bonnes décisions afin d’améliorer la situation en question pour créer plus d’emplois et plus de richesses et ainsi permettre aux Tunisiens d’améliorer leur niveau de vie ». Pour lui, la décision la plus efficace dont disposent les autorités tunisiennes est la politique budgétaire, et ce, à travers l’augmentation du nombre des investissements publics, l’impulsion des activités économiques directes et la préparation du terrain pour les investisseurs privés.
Il a recommandé une réduction graduelle des dépenses courantes. A cet égard, il a indiqué que les dépenses courantes qui pèsent lourd sur le budget sont de deux types, à savoir les dépenses relatives aux salaires qui ont atteint un niveau très élevé par rapport à l’échelle internationale et les dépenses pour la subvention énergétique. «Aujourd’hui, il s’agit de mettre en place des décisions qui permettraient de réduire graduellement ces dépenses-là et d’utiliser ces économies pour les utiliser dans l’investissement public», recommande-t-il. D’après le FMI cette démarche permettrait la relance de l’économie en Tunisie.
Le plus grand défi pour le FMI est d’ancrer les anticipations inflationnistes. Pour lui, si le FMI arrive à ancrer les tendances inflationnistes, cela veut dire que l’inflation baissera d’ici l’année prochaine, à travers ce mécanisme. Revenant sur l’accès au financement pour les PME, il a affirmé que la modernisation du secteur bancaire permettrait aux PME d’y accéder plus facilement.
De même, l’économie subit la corruption, «la corruption n’est plus tolérée et on fera tout pour étouffer ce mal qui entrave l’activité économique en Tunisie».
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