Il faut avoir la foi du charbonnier pour croire à la bonne santé des entreprises publiques tunisiennes. Pertes cumulées, absence de productivité, réformes qui peinent à se concrétiser et sureffectif sont, entre autres, les raisons qui ont poussé la Confédération des entreprises citoyennes de Tunisie (CONECT) à tenir un séminaire intitulé « L’entreprise publique : Actualité, Enjeux et perspectives ». Tous les intervenants ont été unanimes sur la nécessité de réformer ou privatiser les entreprises publiques.
Tarek Chérif, président de la CONECT, a préféré recourir aux chiffres officiels à la place des longs discours, à l’ouverture de l’événement. Les chiffres riment avec la situation catastrophique des entreprises publiques. Les subventions d’exploitation accordées aux entreprises publiques ont atteint la somme astronomique de 10.700 millions de dinars sur la période de 2014,2015 et 2016. Pour la seule année 2016, 5.800 millions de dinars de subventions, cite-t-il.
Pendant les années qui ont suivi la révolution, soit 2014, 2015, 2016, un total de 11.609 millions de dinars tunisiens ont été déboursés par les contribuables dans la vaine tentative de sauver les entreprises publiques déficitaires. De plus, pour la même période, la masse salariale a atteint 11.240 millions de dinars. Tarek Chérif est convaincu que la question des entreprises publiques ne peut être réglée quepar la privatisation ou le partenariat public privé.
De son côté, Noureddine Hajji, Country Managing Partner Ernest & Young Tunisie, a présenté la cartographie et un diagnostic quantitatif et qualitatif de la performances des entreprises publiques. D’après les estimations de l’intervenant, pour remettre les entreprises publiques à flot, l’Etat devra débourser 6.5 milliards de dinars.
Quant aux revenus des participations, ajoute-t-il, elles sont passées de 927 MDT par an, de 2005 à 2010, à 485 MDT par an de 2011 à 2016. Sur les 90 entreprises, 50 présentent des résultats reportés négatifs totalisant 6524 millions de dinars et 11 entreprises représentent 78% du total des résultats reportés négatif à l’instar de Transtu, STB, Tunisair, SNCFT et STG. De même, cinq entreprises publiques sont à l’origine de 89% de baisse de revenus des entreprises publiques (ETAP, Groupe Chimique, Tunisie Telecom, CPG et El fouladh).
Chokri Ben Hassine, directeur général du suivi de la productivité des entreprises publiques à la Présidence du Gouvernement, n’en pense pas moins de la situation alarmante des entreprises publiques.
Se référant à la masse salariale au profit des fonctionnaires et des agents des entreprises publiques, il a indiqué qu’elle est passée de 2580 millions de dinars en 2010 à 4000 millions de dinars en 2016. Revenant sur la cause de la crise, il a pointé du doigt l’absence d’une vision claire sur le rôle des entreprises publiques .
Pour sa part, l’économiste et l’ancien ministre des Finances, Houcine Dimassi, a indiqué qu’après la révolution un système féodal s’est installé dans la fonction publique, ce qui a entravé son évolution. La solution ? Changer de régime politique afin que les bonnes décisions soient prises.
Pour Moncef Boussannouga, Managing partner KPMG Tunisie, le problème des entreprises publiques réside dans le fait qu’elles ne sont pas soumises aux loi du marché mais aux lois de la politique. Il ajoute qu’il est clair qu’il faut sans tarder mettre les entreprises publiques sur les rails.
Ahmed Ben Ghazi, gérant associé ABG, s’est interrogé lors de son intervention sur le rôle d’un certain nombre d’entreprises publiques et si elles sont capables d’assumer leur rôle comme il se doit.
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