A l’heure où la Tunisie vise à mettre en place des modèles de développement économique innovants, l’économie sociale et solidaire est perçue comme un vecteur de sortie de crise.
Aujourd’hui, ce secteur tend à concilier croissance économique et impact social et se doit de constituer un élément de réponse aux défis économiques, sociaux et environnementaux. Tel est en partie le thème du forum « Convergences : ESS’ploration, vers une Tunisie zéro exclusion, zéro carbone, zéro pauvreté » organisé dans le cadre de la Semaine de l’Europe en Tunisie.
Vers un monde 3 zéro : quand développement rime avec impact
Chacun a un rôle à jouer dans l’essor de l’Economie sociale et solidaire. A l’ouverture du premier panel, Patrice Bergamini, Chef de la Délégation de l’Union européenne a rappelé que la définition de la convergence lui rappelle Karl Marx et les communistes. « Le système conçu par le philosophe et appliqué par ces derniers se base sur la convergence de la solidarité avec le partage équitable des richesses », précise-t-il. L’exclusion, qui est un mal universel, est le plus grand défi que doit relever la transition démocratique tunisienne. La solution, selon Bergamini, pour vaincre l’exclusion et donc la pauvreté, réside dans le travail collectif, tel l’exemple de la culture pour tous, l’éducation pour tous « , a-t-il poursuivi.
Revenant sur les élections municipales, il déclare: « Une démocratie, c’est aussi accepter de perdre le pouvoir dans le jeu démocratique. D’ailleurs, l’émergence des indépendants prouve que la démocratie tunisienne est en train d’être consolidée ».
De son côté, Jouhana Gherib, présidente et membre fondatrice IRSET, a fait un état des lieux de la contribution du monde des affaires dans le développement durable. Elle souligne: « Les PME en Tunisie sont de plus en plus conscientes du rôle qu’elles peuvent jouer et qu’il faut encourager ».
Par ailleurs, Jean Louis Bancel, président MedESS et crédit coopératif, a rappelé l’importance du cadre juridique à formaliser pour une économie sociale et solidaire porteuse.
Mohamed Ali Deyahi, directeur du bureau pour les pays du Maghreb ( OIT ) préconise un développement au service de l’Homme.
Radhi Meddeb, l’expert en économie et PDG du groupe COMETE, a indiqué la nécessité de réfléchir sur un nouveau modèle de développement avec moins d’exclusion, un modèle plus ouvert, plus moderne et plus performant, en misant sur l’économie avec plus d’opportunités économiques, plus d’emplois, plus de possibilités d’entreprendre afin d’avoir une meilleure condition sociale, tout en respectant liberté et dignité.
Au cœur des débats, la question du financement de l’ESS a permis à l’UBCI de faire valoir son positionnement innovant en la matière, d’abord en tant que source de financement, mais également en tant qu’acteur à part entière d’un écosystème en pleine croissance. Pierre Bérégovoy a ainsi fait valoir la responsabilité économique mais également éthique de l’UBCI dans l’apport de ressources financières aux initiatives de la société civile liées à l’ESS. Et de poursuivre : « Nous avons une responsabilité civique de lutte contre les exclusions et une responsabilité environnementale de lutte contre les dérèglements climatiques ».
Convaincue que les entrepreneurs sociaux ont un rôle majeur à jouer dans la création de valeur et la croissance, en Tunisie, l’UBCI accompagne 7 entreprises à caractère social et compte développer bien davantage encore le nombre de bénéficiaires à l’instar du Groupe BNP Paribas dont le soutien à l’économie solidaire a atteint le milliard d’euros en 2017. A date, l’UBCI a déjà noué divers partenariats avec des incubateurs d’entreprises sociales tel que Lab’ESS, dégageant une enveloppe de plus d’un million de dinars en vue de leur financement.
Dans son ambition de banque d’un monde qui change, l’UBCI entend ainsi se positionner de manière innovante comme un partenaire majeur d’initiatives constituant un levier économique fort pour répondre aux enjeux stratégiques que traversent le pays. Pierre Bérégovoy a ainsi clairement énoncé la vision stratégique de la banque en la matière : « […La Tunisie] doit prendre conscience qu’[elle] détient les solutions des problèmes majeurs auxquels [elle] doit faire face. L’entrepreneuriat est un levier fort, et s’il est mis au service d’un enjeu social ou environnemental, son effet peut être décuplé. Il faut soutenir l’émergence de ses entrepreneurs sociaux hommes et femmes et porter avec eux la vision d’une Tunisie plus forte, plus juste, plus responsable et plus inclusive. »