La Commission des libertés individuelles et de l’égalité, plus connue sous le nom de la COLIBE , vient de présenter en ce mercredi, lors d’une conférence de presse, une panoplie de vastes réformes de société sur l’égalité dans l’héritage ou encore la dépénalisation de l’homosexualité, ouvrant à un débat de fond.
« Il s’agit d’un projet civilisationnel », affirme Bochra Bel Haj Hamida, présidente de la COLIBE ; tout en poursuivant: « Les Tunisiens ont besoin de débattre sur des questions de fond, mais aussi sur l’avenir de leur société, de leur citoyenneté. »
Même si le projet de la COLIBE est un projet moderniste, il reste à savoir s’il ne coure pas le risque d’être instrumentalisé, lors des prochaines élections de 2019. A cette question, Mme Bel Haj Hamida a répondu: « J’espère qu’il sera instrumentalisé. D’ailleurs, je lance un appel à tous les partis politiques qui souhaitent défendre les libertés et l’égalité à assumer leur responsabilité devant le peuple. » Elle ajoute: « Ce projet n’est plus celui de la commission, c’est le projet de toute une société pour les générations futures. »
Et de poursuivre: « Ce qui m’intéresse c’est la démarche; de quelle citoyenneté, de quelle égalité parle-t-on? Y a-t-il des exceptions? A mon sens, il n’y a pas d’exception dans l’égalité. C’est à l’élite de produire son effort pour convaincre la société et ce dans l’intérêt de la démocratie. Les Tunisiens méritent de débattre sur des questions importantes comme les libertés individuelles et l’égalité. »
De son côté, Kerim Bouzouita, un des membres de la COLIBE souligne: « Le jour où nous avons rendu le rapport public, nous l’avons partagé avec la communauté des citoyens. C’est un combat qui demande du courage, de la sagesse et du réalisme. Combattre à bon escient, c’est connaître la mesure exacte de sa propre force et il est temps pour toutes les forces vives de la Nation de serrer les rangs et de faire front commun, en laissant les égo et calculs politiques de côté. »
Quelle est la suite des événements par rapport aux propositions de la COLIBE ?
« La présidence de la République décidera des volets prioritaires. Quoi qu’il en soit, il y aura des démarches: la première concerne les circulaires, qui sont des textes administratifs du ressort de l’exécutif, ou des projets de lois. Et c’est le président de la République qui en décidera par la suite. Cela dit, on ne peut pas parler d’un projet de loi unique parce que les thèmes abordés sont multiples, certains relevant du pénal. En fait, ce sont des questions techniques « , rappelle Saida Garrach, porte-parole de la présidence, présente lors de la conférence. « Je pense que cela émane d’une conviction profonde du président de la République de faire avancer une société », conclut-elle.