Aujourd’hui, les entreprises allemandes sont bel et bien installées en Tunisie, plus de sept ans après la révolution. Il est donc d’autant plus important d’en savoir un peu plus sur leur situation, ainsi que leurs perspectives d’évolution. D’ailleurs, une enquête de la Chambre tuniso-allemande (AHK) a été réalisée dans ce sens, sur l’état des lieux de ces entreprises et de leurs orientations futures.
Il en ressort que les entreprises allemandes se trouvant en Tunisie estiment que leur situation actuelle est bonne, voire même satisfaisante, à 85.7%. Cette enquête a été menée sur 200 entreprises allemandes présentes en Tunisie, sur un total de 260.
Les raisons d’un taux si élevé reviennent en partie à la proximité géographique avec l’Union européenne (81.6% en 2018 et 85.1% en 2017), suivie des coûts de production globalement compétitifs (51% en 2018 et 44.7% en 2017), l’évolution du taux de change (51 en 2018 et 55.3% en 2017). En somme, les atouts de la Tunisie en tant que site de production ne manquent pas, comme la question de la disponibilité de la main- d’œuvre qui représente 34.7%, ainsi que le bon niveau d’éducation qui s’élève à 27.6%.
Mais les avantages fiscaux, notamment en raison de la loi de finances 2017 et celle de 2018, laissent perplexes. Cette dernière année dans le cadre de la loi de finances 2018, il y a de nouvelles barrières imposées par le ministère du Commerce et la BCT sur l’obligation de fournir des documents d’export dans des langues bien précises pour les produits finis et semi-finis. La langue allemande se retrouve pénalisée. Les entreprises totalement exportatrices ont connu une légère diminution de 1.9% (27.8% en 2018 et 29.7% en 2017)
Les entreprises allemandes réclament de la visibilité
Ibrahim Debache, président de l’AHK, a souligné lors d’une conférence de presse qui s’est tenue aujourd’hui au siège de l’AHK que «les entreprises réclament de la visibilité que ce soit sur l’aspect social que fiscal, pour pouvoir garantir et sécuriser leurs investissements. Et on a vu qu’il y avait des perspectives positives».
Autre fait marquant, «il y a un besoin de réformes. Il est nécessaire de réformer et surtout de réduire la rigidité et toutes les contraintes administratives qui augmentent d’une année à une autre et qui freinent malheureusement les délais d’approvisionnement et les délais d’exportation. Et ce ne sont pas des éléments positifs».
A la question de savoir quelles seraient les solutions afin de lutter efficacement contre la lourdeur de l’administration, M. Debache a répondu : «Avec la lourdeur administrative existante, on ne peut pas respecter les engagements de délais d’exportation, si on a encore des délais qui se rajoutent par rapport à ces problèmes administratifs».
Au-delà de la lourdeur administrative, la Douane représente largement l’obstacle le plus contraignant pour les sociétés allemandes, même si le taux diffère selon le régime de la société (49% pour les sociétés totalement exportatrices et 81% pour les sociétés non totalement exportatrices) et «il s’agit d’un élément majeur qui ressort», a fait savoir M. Debache.
Et de poursuivre: «Cela peut mettre en danger les perspectives d’investissement.» Autrement dit, la Douane représente un handicap pouvant entraver le développement des sociétés allemandes en Tunisie.
Soutien de l’Union européenne
Evoquant ce point, 63% des entreprises allemandes opérant en Tunisie comptent sur l’UE dans le domaine de l’Etat de droit et de lutte contre la corruption, en premier lieu, puis le soutien de l’UE dans le domaine de la sécurité avec 48%.
Quant au soutien dans l’ouverture du marché européen pour les produits et services tunisiens il est plus important pour les sociétés non totalement exportatrices que pour les sociétés totalement exportatrices.
Qu’en est-il de l’Aleca?
Sur la totalité des entreprises interviewées, plus de 33% estiment que c’est positif, en revanche plus de 50% n’ont pas de visibilité ou de compréhension.
D’ailleurs, une délégation allemande sera en visite cette semaine en Tunisie, accompagnée de trois pays : la Moldavie, la Géorgie et l’Ukraine, représentées par leurs négociateurs en chef .
«On a constaté que c’est un domaine positif dans le secteur industriel depuis 1995, et il n’y a pas de raison pour qu’il n’en soit pas de même dans d’autres secteurs porteurs où il y a des potentiels d’emploi», poursuit le président de l’AHK.
L’agriculture dans tout ceci ! C’est vrai qu’on ne peut pas traiter les secteurs de la même manière.
« Nous pensons que l’Aleca est une bonne chose, maintenant cela doit se négocier et doit se faire dans l’intérêt des deux parties. Je pense que concernant 2019 il est encore tôt de parler d’une signature d’accord et de l’élargir au domaine des Tics qui apporterait des potentialités énormes», conclut-il.
Le dialogue social
On a vu que depuis les dernières années, les entreprises rencontrent des difficultés en termes de grèves intempestives, souvent axées sur une revendication principale à savoir l’augmentation des salaires. Nous pensons que le dialogue social est beaucoup plus large, intègre la formation professionnelle, les perspectives d’avenir d’emploi, la création de nouveaux profils.
Nous pensons qu’au sein de l’AHK, l’expérience allemande est positive en la matière pour créer cette relation de négociation et de définition de contrat social entre l’entreprise et les partenaires sociaux, pas seulement le syndicat ou le patronat. Et toutes les démarches que nous faisons dans le cadre du dialogue social intègrent l’UTICA et l’UGTT.
C’est aussi pour qu’on montre que la situation de l’emploi n’est pas liée au niveau du salaire, mais à d’autres critères importants qui permettent de rééquilibrer et de garantir les emplois futurs.