Le rapport Global Infrastructure Outlook vient d’être publié par Oxford Economics et Global Infrastructure Hub, une initiative du G20. Ce rapport vise à estimer les besoins d’investissement en infrastructures pour une dizaine d’économies africaines, dont la Tunisie, afin d’atteindre le meilleur niveau affiché par un benchmark composé de pays à faible ou moyen revenus.
Un deuxième comparable est utilisé, à savoir les objectifs de développement durables des Nations Unies en matière d’accès à l’électricité, à l’eau potable et l’assainissement à l’horizon de 2030.
Sept types d’infrastructures sont couverts par ce rapport : les routes et les ponts, les réseaux ferroviaires, les aéroports, les ports, l’électricité, l’eau potable et les télécommunications.
La Tunisie fait ainsi partie des six pays nouvellement concernés par ce rapport, à côté du Bénin, de la Côte d’Ivoire, du Ghana, de la Guinée et du Rwanda. Ces différents pays appartiennent à différentes zones géographiques et sont actuellement dans différentes phases du cycle économique. L’horizon du rapport est 2040.
Des chiffres encourageants mais insuffisants
Les conclusions du rapport affichent que pour l’ensemble des dix pays, le déficit en matière d’infrastructure est important. L’état des lieux montre que les installations actuelles ne couvrent que 57% des besoins contre une moyenne mondiale de 81%. A titre d’exemple, 60% seulement des habitants de ces pays ont accès à l’électricité, 44% à l’eau potable et à l’assainissement. L’enveloppe d’investissement nécessaire serait de l’ordre de 2 000 milliards de dollars d’ici 2040 si le benchmark est le groupe de pays à faible ou moyen revenus. 2 400 milliards de dollars seraient nécessaires si les objectifs des Nations Unies sont visés.
En ce qui concerne la Tunisie, le rapport est plutôt positif. Nos besoins d’investissement pour la période 2016-2040 sont de l’ordre de 75 milliards de dollars, alors les intentions actuelles ne semblent mettre sur la table que 54 milliards de dollars. Seuls trois pays comptent dépenser moins que nous sur la même période, à savoir le Rwanda, le Bénin et la Guinée. Par rapport au PIB, la Tunisie est le pays qui a besoin de dépenser le moins pour rattraper son retard. D’ailleurs, la Tunisie est classée deuxième après le Maroc en termes de dépenses effectuées en infrastructures sur la période 2007-2015. Nous sommes le pays qui a le plus investi dans les télécommunications, les ports et dans les routes par rapport au PIB. Nous sommes troisième investisseur en réseaux ferroviaires, électricité et aéroports. La Tunisie reste le pays le plus aisé parmi les dix retenus, en affichant le meilleur PIB/habitant aujourd’hui et même en 2040, qui a la plus faible croissance démographique (0,6%) et le taux d’urbanisation le plus élevé.
Mais notre grand point faible reste les routes. Le rapport insiste que la Tunisie a besoin de doubler ses dépenses programmées pour gommer son retard. Mais dans les autres types d’infrastructure, le classement est plus qu’honorable. Au niveau des réseaux ferroviaires, la Tunisie n’a pas besoin d’investissements additionnels, par rapport à ceux programmés. Le rapport parle même d’ « une très bonne qualité d’infrastructure relativement aux montants alloués ». Le même constat est affiché pour les aéroports et les télécoms. En ce qui concerne l’accès à l’électricité, la Tunisie est globalement en bonne situation si les investissements programmés sont tenus en compte.
Globalement, le rapport nous attribue une bonne position dans le continent et montre que la Tunisie reste un pays où il y a de vraies opportunités d’investissement. Dans l’état actuel où peu d’institutions internationales nous regardent d’un bon œil, il faut certainement capitaliser ce document et, surtout, l’utiliser comme base dans nos plans de développement.