Quel est l’état des lieux de la situation économique? Est-elle aussi catastrophique, comme l’avaient déjà prédit les experts économiques cette année, contrairement au gouvernement Chahed pour qui la croissance économique est de retour. Khawla Ben Aïcha, députée du bloc parlementaire Machrou3 Tounes, dresse un topo de l’évaluation économique du gouvernement.
Elle déclare: « Je voudrais bien être aussi optimiste mais hélas en économie ce sont les chiffres qui parlent. Il suffit de voir les indicateurs : taux d’inflation en hausse – certains experts prédisent qu’elle sera bientôt à deux chiffres – , le dinar qui n’en finit pas de chuter, l’économie parallèle qui ne cesse de prospérer , l’incapacité de sortir sur le marché monétaire international à défaut d’accepter des taux faramineux, le chômage …. »
D’après Mme Ben Aïcha, la situation économique est vraiment très critique surtout en l’absence de réformes s’inscrivant dans le cadre d’une vision et une stratégie claire sur le long et moyen terme. Elle précise à cet effet: « On ne peut gérer l’économie de tout un pays au jour le jour , se démener juste pour clôturer la loi de finances de l’année en cours … Le budget de l’Etat ne peut être géré comme les comptes d’une épicerie et malheureusement c’est ce qui arrive depuis des années ».
Et de poursuivre: « On s’ingénue à clôturer le budget sans pour autant chercher de réelles solutions aux vrais problèmes que rencontre le pays : comme une fiscalité équitable, renforcer le circuit formel, lutter contre la corruption etc… »
Sur le volet de la situation politique, certains voient que la possibilité d’une sortie de crise est la création d’un gouvernement de salut national, comme certains politiciens l’ont dit à maintes reprises, tandis que d’autres, ils sont en faveur d’un remaniement ministériel restreint, mais à quel prix?
Khawla Ben Aïcha: un gouvernement indépendant non concerné par les prochaines élections
A cette question, Mme Ben Aïcha a répondu: « Je pense qu’il faut poser la question à l’envers : quel serait le coût d’un non-remaniement ? Je pense que vu la crise actuelle un remaniement est plus que nécessaire. Le gouvernement actuel et son chef n’ont quasiment plus aucun soutien politique, en tout cas pas celui des institutions qui comptent ( UGTT ,UTICA…), ses résultats en termes de relance économique, de réformes et de paix sociale laissent à désirer .
Elle conclut: « Il y a une réelle crise de confiance qui ne peut être résolue que par un gouvernement indépendant non concerné par les prochaines élections. Ainsi, la mission principale du gouvernement devrait être la question économique et sociale, tout le reste est secondaire ».
Les critiques de la députée Khawla Ben Aïcha sont assez justes, la situation est grave, et cela a été souligné par la dernière visite en groupe des émissaires de la Banque mondiale, du Fonds monétaire international et de l’Union européenne à Tunis . Où sont finis et comment se sont volatilisés les 15 MILIARDS d’EUROS engagés en Tunisie ?
Et, surtout, pourquoi le peuple tunisien n’en a nullement bénéficié ?
Cela doit reporter l’attention internationale sur les PREMIERS RESPONSABLES, c’est-à-dire la gouvernance islamiste sous la « troïka », ceux qui se cachent actuellement derrière le masque de l’apparente « démocratisation » du parti -au passé terroriste indéniable- Ennahdha, qui avaient engagé Bourguiba et Ben Ali dans la lutte pour le maintien de l’Etat de droit contre la « république islamique » à importer de l’Iran khomeyniste.
Et leur promesse de démocratie, doit inévitablement se lire dans le même sens exprimé par Erdogan en Turquie… nous la voyons à présent.
Donc la solution? La proposition de Mme Ben Aïcha aurait été le meilleur choix il y a 6 mois en arrière; maintenant c’est techniquement TROP TARD, à moins de renvoyer les élections présidentielles à plus tard encore, ce qui est impossible.
Il faut donc remettre la balle sur l’initiative de pression internationale, surtout de la part de l’administration US actuelle, et montrer au Secrétaire d’Etat Michael Pompeo que les régimes « kléptocrates » n’existent pas uniquement en Iran, par les ayatollahs corrompus… Que la pensée théocratique est visible en Tunisie par des chefs de parti qui s’exhibent en « guides » et qui demandent la déférence réservé à un prophète, depuis leurs première arrivée de l’étranger, d’où ont été parachutés pour prendre le pouvoir sous l’assurance des lobbys internationaux derrière le 14 janvier…
Il y a une bataille pour la vraie démocratie à engager en Tunisie, et elle ne peut se gagner sans l’accomplissement des enquêtes les plus sérieuses portant sur la corruption politique, la création des « caisses noires » destinées à financer la filière djihadiste et les financements d’activités illicites sur l’échelle régionale (voir en Libye).
Je conseille donc la députée Ben Aïcha d’organiser une résistance républicaine bipartisane avec des personnalités politiques qui se fondent sur ces principes d’action urgente et demander la participation populaire.