Les signaux d’alarme lancés par les sociétés savantes médicales tunisiennes et le Conseil national de l’Ordre des médecins s’enchaînent dans une indifférence troublante des autorités sanitaires du pays. La pénurie de médicaments qu’il est devenu impossible de nier, amène à signaler sans cesse l’urgence de la situation dans l’espoir que cela aboutisse peut-être à un changement.
C’est dans un contexte jamais connu auparavant en Tunisie que le Conseil national de l’ordre des médecins (CNOM) a publié un communiqué expliquant le degré de gravité de la situation.
Ainsi le CNOM qualifie cette situation de problème de santé majeur et exige «que soit faite toute la lumière sur les tenants et aboutissants de cette situation inédite et que soient prises immédiatement toutes les mesures urgentes pour y remédier et, surtout, afin de s’assurer qu’elle ne se reproduise plus. Les mesures transitoires qui ne font que prolonger la précarité de la situation ne sont plus acceptables».
Un autre appel a été émis à l’égard des professionnels de la santé les invitant à consulter régulièrement le site de la Pharmacie centrale de Tunisie afin de suivre les communiqués d’approvisionnement et/ ou de réapprovisonnement en médicaments.
Par ailleurs et loin des prédictions, l’Association tunisienne de chirurgie thoracique cardiaque et vasculaire dévoile l’impact de cette pénurie sur le terrain et publie un communiqué annonçant «qu’aucun acte de chirurgie cardiaque ne pourra être pratiqué» et ce depuis le 28 juillet, sans oublier que les interventions chirurgicales à cœur ouvert sont réalisées dans la majorité des cas dans un contexte d’urgence et parfois même d’extrême urgence, laissant les praticiens désarmés, ne sachant plus à quel saint se vouer.
Une situation due à l’indisponibilité d’un médicament incontournable pour ce type d’intervention, à savoir le sulfate de protamine qui manque à l’appel depuis plusieurs semaines (2 à 3 semaines).
Nombre de manifestations et de mobilisations populaires se sont levées pour moins que ça, mais il s’avère que la santé du Tunisien, obligé de faire le tour des pharmacies, passe sous silence et dans l’indifférence générale.