En Tunisie, 1 340 000 Tunisiens ont émigré dont 54% sont en France. Parmi cette masse, 36% sont des femmes. Qui sont ces femmes migrantes qui, pour fuir un climat socio-économique précaire, traversent la mer et franchissent l’autre rive de la Méditerranée ? Comment vivent-elles leur double culture ? “ La femme migrante: vecteur de développement économique et de changement social dans son pays d’origine” « Nestathmrou fi bledna » ( investir dans notre pays) Tel est le thème de la conférence nationale organisée par le ministère de la Femme, de la Famille et de l’Enfance.
A terme, le premier pas est le décret du 9 août, la Journée nationale de la femme tunisienne à l’étranger. La ministre de la Femme, de la famille et de l’enfance, Naziha Laâbidi, lors de la conférence nationale autour de la femme émigrée, a annoncé que par décret le 9 août est désormais la Journée nationale des compétences tunisiennes à l’étranger. Une plateforme pour répertorier les compétences féminines à l’étranger a été créée.
Elle a également fait savoir que la Tunisie vient d’être désignée capitale de la femme arabe. Elle nous confie : “ nous sommes honorés que la Ligue des Etats arabes désigne la Tunisie capitale de la femme arabe”. Evoquant le nombre en hausse des femmes migrantes, à savoir 36%, la ministre a déclaré que la Constitution a consacré l’article 55 aux Tunisiens vivant à l’étranger, hommes et femmes. Elle a indiqué que leur nombre est important, c’est pour cela qu’il est nécessaire de les encourager à venir investir plus en Tunisie. Elles sont les ambassadrices de la diaspora tunisiennes », a-t-elle poursuivi.
Présente lors de la conférence, Paola Pace, chef de projet régional de l’OIM, a fait remarquer que la femme migrante est un vecteur de changement radical, elle passe d’une société à l’autre.
Et d’ajouter: « On a souvent cette idée que la femme migrante est plutôt quelqu’un qui migre avec son mari. Ce qui n’est pas forcément le cas car elle peut aussi bien être porteuse d’un projet ou chef d’entreprise. On sait également que les travailleuses migrantes représentent 44% dans le monde ».
Mobilité et diaspora, migration, éloignement, insertion professionnelle, vie estudiantine en Europe, retour au pays. Quelle est la perception des députés concernant les Tunisiens vivant en France et vice-versa ?
Khawla Ben Aïcha, membre de la Commission des affaires des Tunisiens résidents à l’étranger à l’ARP, a souligné qu’elle aurait souhaité que les députés représentant les Tunisiens résidents à l’étranger soient plus impliqués dans cette rencontre. Elle souligne « Ce sont les vis-à-vis directs et les principaux représentants de la diaspora. Ils connaissent mieux que quiconque les besoins, les doléances et les attentes et sont en première ligne dans la défense de leurs intérêts ».
La diaspora tunisienne, selon elle, est un trésor une richesse dont on peut tirer profit car les binationaux sont à la fois les ambassadeurs de la Tunisie dans leurs pays d’accueil mais également ceux de leurs pays d’accueil en Tunisie Elle peut être bénéfique sur le plan social, culturel, économique et même politique … Citant son exemple, « étant moi-même une femme TRE et binationale je peux en témoigner. Aujourd’hui le profil des femmes migrantes a changé. On voit de plus en plus d’étudiantes, de jeunes cadres qui partent à l’étranger développer leurs compétences. Pour les deuxième et troisième générations de migrants, c’est plutôt l’intégration en Tunisie qui est la plus difficile et le gouvernement ne leur facilite pas beaucoup la tâche non plus ».