A la suite des démissions collectives des députés, qui intègrent d’autres blocs parlementaires, le tourisme parlementaire est en vogue à l’ARP. Cette rentrée parlementaire marque donc une reconfiguration des sièges, après les démissions en cascade de cet été. Comment alors expliquer ces reconfigurations du paysage politique? Kerim Bouzouita, docteur en anthropologie, propose son analyse sur la question.
« Ce que l’on appelle le tourisme parlementaire ou encore le tourisme partisan n’a rien de surprenant. Les raisons se trouvent essentiellement dans la création très récente dans l’histoire du pays d’une multitude de partis politiques, soit plus de 200 à avoir obtenu leur visa à ce jour », déclare-t-il.
Selon Kerim Bouzouita, cette grande offre n’est pas uniquement soutenue par des bases idéologiques différentes. Il précise à cet effet : « Un grand nombre de partis offre le même discours, les mêmes programmes. Il est logique qu’un élu puisse trouver plusieurs cadres d’exercice politique correspondant à son éthique et à ses projets. Pour en revenir aux idéologies, elles ont l’avantage de souder les partisans d’une formation politique. Mais elle ne sont prédominantes que dans quelques rares projets politiques en Tunisie : marxisme, maoïsme, islamisme, panarabisme… D’un autre côté, à l’exception de quelques partis, la grande majorité des partis du notre paysage politique n’est pas structurée en instances décisionnelles. »
L’opportunisme politique
Enfin, « c’est ce qui laisse la porte grande ouverte à toutes les formes de despotisme et de népotisme au sein même de l’organisation. Ceci explique l’implosion de dizaines de formations politiques et la migration d’élus d’une formation à une autre. Le dernier point, c’est simplement l’opportunisme politique. Certains élus se positionnent en fonction du changement des équilibres des forces ou bien de leur intérêts personnels. La corruption des élus et les élites délinquantes ne datent pas de 2011, mais est une constante de la vie parlementaire tunisienne », conclut-il.
Rappelons que l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) a annoncé, dans un communiqué en date de mardi 2 octobre, la nouvelle répartition des blocs parlementaires.
De ce fait, le mouvement Ennahdha dispose de 68 sièges (69 dans l’ancienne législature), suivi du bloc parlementaire la Coalition nationale avec 47 sièges et en troisième position le parti Nidaa Tounes 43 sièges (67 précédemment). Quant au Front Populaire, il dispose de 15 sièges (pas de changement), le parti Machrou3 Tounes 14 sièges (20 auparavant), le Courant démocrate 12 sièges (pas de changement) et Al Wala lel Waten 11 sièges.