L’histoire est digne des thrillers d’Agatha Christie ou d’un film d’espionnage américain. Mais elle s’est passée réellement à Istanbul, le mardi 2 octobre.
Le célèbre journaliste saoudien, Jamal Khashoggi, aurait disparu après être entré en fin de matinée dans le consulat saoudien, sur le Bosphore. Il s’ y est rendu mardi pour obtenir un document certifiant qu’il avait divorcé de son ex-femme. Tout cela, afin d’épouser sa fiancée turque, Hatice Cengiz.
Cette dernière l’aurait attendu 11 heures à l’extérieur. Mais ne le voyant pas sortir, elle aurait averti les autorités turques, comme il le lui avait préconisé auparavant. Mme Cengiz a écrit dans un message Twitter « Jamal n’est pas mort. Je ne peux pas croire qu’il a été tué! »
La chaîne de télévision NTV a affirmé ce lundi que la Turquie aurait demandé ce lundi à Riyad l’autorisation d’effectuer des recherches au sein du consulat. Le consul aurait déjà collaboré avec les autorités.
Jamal Khashoggi : l’enquête est en cours
D’après les premiers éléments de l’enquête, un responsable turc aurait déclaré à la BBC qu’il aurait été assassiné dans l’enceinte même du consulat. Étrange coïncidence : les enquêteurs ont découvert qu’un groupe d’une quinzaine de Saoudiens auraient fait un rapide aller-retour entre l’Arabie saoudite et la Turquie. Et ce, le jour où le journaliste se trouvait dans les locaux du consulat.
Un responsable du parti turc AKP au pouvoir aurait déclaré qu’ils détenaient des preuves concrètes dans l’affaire, bien qu’aucune n’ait encore été présentée.
M. Erdogan avait déclaré dimanche qu’il restait « optimiste » et attendait les résultats de l’enquête. Alors que les autorités turques continuaient de visionner des images prises par des caméras des arrivées et des départs d’aéroports.
Mercredi, le prince héritier Mohammed bin Salman aurait déclaré que ces accusations étaient sans fondement et invité les autorités turques à perquisitionner le bâtiment.
Jamal Khashoggi : pourquoi vouloir l’assassiner?
A qui profite le crime? M. Khashoggi, 59 ans, est un journaliste très critique envers le prince héritier pour sa répression des droits de l’homme et de la liberté d’expression. Il désapprouve aussi la guerre que mène l’Arabie saoudite au Yémen qui a déclenché une crise humanitaire.
De plus, M. Khashoggi était pendant des années le conseiller des hauts responsables saoudiens appartenant à la famille royale. Après que plusieurs de ses amis ont été arrêtés, il aurait reçu des menaces l’obligeant à quitter le pays. Raison pour laquelle il serait parti aux Etats-Unis.
En outre, depuis une année, il écrit des articles d’opinion pour le Washington Post. Il continue également de dénoncer le régime saoudien sur les chaînes de télévision arabes et occidentales.
Une relation entre Ankara et Riyad encore plus tendue
En fait, ce qui est sûr, c’est que les relations entre Ankara et Riyad sont déjà très tendues et que cet assassinat s’il était prouvé, aggraverait encore plus la crise diplomatique entre les deux pays.
Enfin, la Turquie espérait bénéficier de l’appui de son allié de l’OTAN, les États-Unis. Mais l’Arabie saoudite étant devenue la plus proche alliée de Donald Trump au Moyen-Orient, son appui ne serait pas garanti.