Le président du Centre international Hédi Nouira, de prospective et d’études pour le développement (CIPED), Taoufik Baccar, a émis quelques réserves sur le dernier rapport du FMI sur la Tunisie.
En effet, dans un post publié, hier 11 octobre, sur sa page officielle du réseau social Facebook, le président du CIPED a affirmé que « la force du FMI réside dans les analyses des politiques macro-économiques sur le court terme. Pour lui, le FMI n’est pas particulièrement spécialisé dans celles qui portent sur le moyen et long terme.
Par ailleurs, Taoufik Baccar considère que le cadrage macroéconomique du rapport comporte des fragilités et se base sur des hypothèses difficiles à défendre. Il s’agit notamment de:
– Un taux d’épargne qui passe de 10% en 2018 à 17% en 2021 et près de 19% en 2023.
– Un taux d’épargne publique qui augmente de 0 % au mieux en 2018 à 5% en 2021.
– Une charge salariale dans la fonction publique dont le niveau baisse de 14 à 12.4 milliards de dinars dès 2020, pour se stabiliser à 12 milliards de dinars jusqu’à l’année 2023.
– L’abandon des subventions au carburant dès 2021 et la stabilisation des autres types de subvention à 2.2 milliards de dinars.
Le schéma du rapport se base dès 2020 sur une plus grande contribution du secteur public. Ce qui pose, dès l’abord, des questions sur la pertinence de l’hypothèse et de sa faisabilité.
Par ailleurs, le président du CIPED affirme que le schéma présenté induit la poursuite de la dépréciation du dinar. Ceci en vue d’accroître le niveau des réserves de change. Cependant, « cette politique menée au cours des dernières années n’a pas permis de réduire les déficits commercial et courant ».
Pour lui, il existe plusieurs interrogations sur la pertinence et la faisabilité de ce schéma sur le moyen terme (2019-2023). Il rappelle que les données à fin septembre 2018 montrent une poursuite de la dégradation du déficit commercial. Ce déficit aurait atteint plus de 14 milliards de dinars, soit un niveau proche de celui de toute l’année 2017. En effet, le niveau de ce déficit pourrait atteindre pour toute l’année 2018 18 milliards de dinars, soit trois fois le niveau de dix ans auparavant. En effet, ce déficit atteignait six milliards de dinars en 2009. Le déficit courant serait pour 2018 proche de celui de 2017 (aux alentours de 10% du PIB).
En conclusion, le CIPED publiera sous peu son rapport afin d’éclairer les autorités sur ces problématiques. Et notamment sur le positionnement du projet de Budget 2019, dans le schéma prévu par le FMI.