La Chambre nationale de l’Industrie pharmaceutique a été approchée par le Conseil d’Analyses Economiques (CAE) pour intégrer le pacte sectoriel pour le développement de l’industrie pharmaceutique, dans le cadre du plan de relance 2019-2020. Cela s’inscrit dans le cadre du volet sectoriel de ce plan.
Entre 2013 et 2017, les ventes des médicaments produits localement ont connu une croissance moyenne de 7,5%. Le secteur de l’industrie pharmaceutique assure 8800 emplois dont 1000 emplois en service. Entre 2012 et 2017, les exportations du secteur ont presque doublé passant de 60 MD à 116 MD. Le marché local des médicaments est couvert à hauteur de 60% par la fabrication locale. Les investissements cumulés du secteur ont atteint 650 MD.
Objectifs qualitatifs et quantitatifs pour développer l’industrie pharmaceutique
Plusieurs objectifs ont été fixés pour développer le secteur à l’horizon 2023. Il s’agit notamment du maintien d’une croissance supérieure à 8% pour la production locale. En termes d’emploi, l’objectif consiste à la création de plus de 2500 emplois dont 2000 dans l’ industrie et 500 dans les services.
En termes d’exportations, il s’agit de consolider les exportations industrielles pharmaceutiques pour passer de 13 à 26% de la production locale.
Les objectifs quantitatifs consistent également à augmenter la couverture totale de l’industrie pharmaceutique par la fabrication locale à hauteur de 62% et la consolidation des investissements directs (locaux et étrangers) dans l’industrie et services liés à 900 millions de dinars. Il s’agit également de gagner 35% de parts de marché du total des études cliniques de l’Afrique pour développer des activités à hauteur de 300 millions de dinars.
Rencontrée à l’occasion d’une table ronde sur le Plan de relance 2019-2020, Mme Sarra Masmoudi, présidente de la Chambre nationale de l’Industrie pharmaceutique, a mis l’accent sur les principales réformes à engager et les mesures à prendre pour atteindre ces objectifs.
« L’industrie pharmaceutique est un secteur qui excelle. Il a pu réaliser une croissance de 87% au niveau de la valeur en devises de ses exportations entre 2010 et 2017. Cela confirme qu’il va falloir capitaliser davantage sur ce secteur », a-t- elle déclaré.
Et d’ajouter que depuis 2011, sur les 33 entreprises que compte la Chambre nationale de l’Industrie pharmaceutique actuellement, on compte cinq unités supplémentaires. D’autres entreprises seront prochainement créées.
Mme Sarra Masmoudi a fait savoir que les industriels du secteur privé sont convaincus de la nécessité de booster l’industrie pharmaceutique via un ensemble de réformes sur lesquelles l’Etat doit s’engager.
Des réformes à engager en urgence
Elle a tenu à souligner que la première réforme concerne notamment la politique des prix restée jusque-là éparpillée entre plusieurs départements ministériels avec notamment la création d’un Comité unique des prix.
La deuxième réforme est liée à la politique d’achat de médicaments et la politique d’approvisionnement par la Pharmacie centrale qui se dirige vers une compensation d’environ 185 millions de dinars.
Une autre réforme est liée à la difficulté que rencontrent certains médicaments à l’entrée en Tunisie. Il s’agit également de créer, comme partout dans tous les pays du monde, une Agence du médicament. Celle-ci aura pour principale tâche l’enregistrement d’autorisations des médicaments….
L’effort doit aussi se concentrer, selon Mme Masmoudi, sur la diminution des délais d’obtention des autorisations de mise sur le marché (AMM) et la modernisation et l’octroi des médicaments.
Il y a aussi trois autres mesures qui ne sont pas moins importantes que les réformes à engager. On doit se concentrer sur la biotechnologie. En 2023, 50% du marché vont être issus de la biotechnologie.
« Malheureusement, le pays n’est pas encore prêt ! C’est pourquoi il faut des mesures claires et nettes. Le tissu médical tunisien demeure respectable et important, mais il est capable de devenir exportateur de services. Pour développer ce volet, il faut des mesures spécifiques », ajoute Mme Sarra Masmoudi.
Globalement, l’objectif consiste, d’une part, à réformer le secteur pour développer la production locale afin de couvrir les besoins du marché national et développer les exportations tunisiennes en médicaments pour pouvoir doubler nos exportations à l’horizon 2023. Atteindre ces objectifs permettra en conséquence de créer plus d’emplois et de valeur ajoutée.
La question est comment faire en sorte d’appliquer, de mettre en place ce processus et l’utiliser comme une feuille de route pour le développement de l’industrie pharmaceutique en Tunisie.