Tard dans la nuit du 9 décembre– un dimanche de surcroît– les parlementaires ont validé, sans que personne n’en soit informé à l’avance, la proposition de l’un d’eux, d’imposer le chiffre d’affaires à hauteur de 1% des banques, des compagnies d’assurances, des sociétés pétrolières et des opérateurs télécoms. Les sommes ainsi collectées– confisquées– iront alléger les déficits des caisses de retraite et de sécurité sociale.
On comprend que pour l’ensemble de ces professions le réveil fut brutal : consternation générale chez ces professionnels. Cette mesure les a plongés dans le désarroi le plus total. Et pour cause ! 1% du CA équivaut, dans le meilleur des cas, à 10% du bénéfice. Autant dire que ce n’est pas une telle mesure qui va motiver les sociétés pétrolières. Quant aux banques, déjà fortement taxées, elles seront au final imposées à plus de 45%, de quoi les faire vaciller sur leurs fondamentaux du reste fragilisés. Et dire qu’on leur demande davantage d’efforts pour le financement de l’économie! Les compagnies d’assurances et les opérateurs télécoms ne seront pas mieux lotis. L’onde de choc ne tardera pas à faire ses effets.
Nous avons demandé– par téléphone– à M. Ahmed El Karm, président de l’Association professionnelle des banques et des établissements financiers (APTBEF) de nous dire ce qu’il en pense. Voici sa réponse.
www.leconomistemaghrebin.com : que pensez-vous de cette nouvelle mesure décidée par le Parlement qui institue une taxe de 1% sur le chiffre d’affaires des banques ?
Ahmed El Karm : C’est une mesure incompréhensible ; elle va à l’encontre des décisions prises par le gouvernement de ne pas augmenter les impôts. Elle risque d’affecter sérieusement la situation financière des banques, d’autant plus qu’elle est annoncée dans une conjoncture difficile de resserrement des liquidités bancaires et du changement des règles de refinancement.
Étiez-vous au courant d’une telle mesure ?
Nous considérons qu’elle a été prise sans aucune concertation avec la profession, elle ne règle pas les problèmes chroniques des caisses de retraite et de sécurité sociale pour lesquelles il faut une refonte plus sérieuse et plus durable.
Que faire ?
Nous appelons le gouvernement à respecter ses engagements et à ne pas augmenter les impôts d’un secteur qui est d’ailleurs surimposé.
Nous demandons également à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) de revoir sa position et d’engager, à cet effet, une concertation avec l’ensemble des parties concernées.
Les banques réitèrent leur engagement à faire tout le nécessaire, comme elles l’ont déjà démontré depuis la révolution, pour assurer un financement sain et harmonieux de l’économie nationale.