Malgré les atouts logistiques mis à disposition, la performance logistique ne suit pas. Selon l’indicateur de performance logistique de la Banque mondiale, la Tunisie se positionne au 105ème rang (60ème rang en 2010) avec une légère amélioration par rapport à 2017. Le coût logistique demeure toutefois élevé et il est estimé à 20% du PIB.
La baisse de la performance logistique est due au retard pris dans le démarrage des investissements (quais 8 et 9 au port de Radès, construction du port d’Enfidha, les zones logistiques…), l’inefficacité des services portuaires, le cadre réglementaire non encore finalisé, ainsi que le manque de coordination entre les structures. Tous ces facteurs ont impacté négativement le secteur du transport censé soutenir les autres secteurs.
Transport : répondre aux besoins des professionnels
Pour imaginer le retard qu’accuse le pays dans le domaine du transport maritime, il faut savoir que les navires construits il y a cinq ans ne peuvent plus entrer aujourd’hui au Port de Radès. D’où la nécessité d’accélérer la construction de nouveaux ports qui répondent aux exigences du commerce international. « Il faut développer la logistique et les ports commerciaux existants et de nouveaux ports commerciaux modernes qui répondent aux besoins des professionnels », souhaite Walid Dziri, CEO ALL Seas Shipping.
Pour Mehdi Ben Abdallah, président du Conseil des Chambres mixtes de Tunisie et de la Chambre tuniso-britannique, le développement social et économique du pays nécessite un secteur de transport de logistique performant et efficace. Cela ne passe pas seulement, selon lui, par la construction de nouvelles infrastructures de transport.
« Il est impératif de procéder à des réformes en profondeur pour une infrastructure génératrice de croissance. Il faut une politique cohérente tournée vers la mondialisation avec une administration plus efficiente intégrant les nouvelles règles de management, de gouvernance et de communication », a souligné M. Ben Abdallah à l’ouverture du débat tenue aujourd’hui à Tunis sur le transport et la logistique au service du commerce et de l’investissement.
Des chantiers urgents
Ce débat a été l’occasion pour Hichem Ben Ahmed, ministre du Transport, de présenter la stratégie et les orientations du ministère du Transport pour développer ce secteur considéré comme une vitrine du pays.
Le ministre a tenu à souligner que la Tunisie veut se positionner en tant que plateforme commerciale et logistique entre l’Europe et l’Afrique et consolider l’économie de marché.
En effet, les principaux défis à relever sont notamment liés à l’amélioration de la compétitivité, le renforcement de la connectivité internationale à travers de nouvelles lignes maritimes, la modernisation de l’infrastructure aéroportuaire…
Plusieurs chantiers importants et urgents sont là. Il s’agit, selon le ministre, de l’aménagement de l’aéroport Tunis-Carthage, l’amélioration de la qualité des services (ponctualité des vols), le renforcement des ressources humaines, l’acquisition de nouveaux matériels, la concrétisation du programme de restructuration de Tunisair, modernisation des réseaux portuaires, développement du transport public et du transport des marchandises…
Le ministre a également indiqué qu’il faut axer les efforts sur l’utilisation des TIC pour améliorer la qualité des services, la dématérialisation des procédures, la digitalisation des Supply Chain, le renforcement de la sécurité et la protection de l’environnement.
« Le public ne raisonne pas comme le privé. Il n’a pas la même notion du temps et des problèmes. La communication entre les deux parties doit être développée davantage. L’économie ne dépend pas seulement de l’administration. L’Etat est un facilitateur », affirme le ministre du Transport.
Port d’Enfidha et les quais 8 et 9 au port de Radès
Hichem Ben Ahmed n’a pas manqué de rappeler que plusieurs projets sont en cours comme la construction des quais 8 et 9 au Port de Radès, le Port d’Enfidha et la création de plusieurs zones logistiques.
Et d’ajouter que le choix du gouvernement était clair en ce qui concerne le développement de l’infrastructure portuaire. Il y a des avancements sur le projet du Port en eaux profondes d’Enfidha. L’appel d’offres est sorti.
Une short-list de sept entreprises partenaires a été fixée pour le démarrage des travaux de construction. Le choix d’une entreprise sera décidé d’ici fin janvier prochain. Le démarrage des travaux est prévu pour la fin de 2019. La société du Port Enfidha pour s’occuper du port et de la zone logistique.
La construction des quais 8 et 9 au Port de Radès est une obligation. Le choix de l’entreprise qui va construire ces quais se fera avant le 15 janvier prochain. Une short-list de trois entreprises est déjà prête.
Un bureau d’étude allemand a étudié l’impact environnemental du port. L’étude a montré que les effets sont maîtrisables. La construction de ce port aura certes un impact positif sur les délais et les coûts logistiques.
Les participants au débat n’ont pas manqué de rappeler les problématiques rencontrées avec la STAM, la rentabilité de certaines lignes maritimes avec des pays de l’Afrique subsaharienne où les moyens ne permettent pas de couvrir plusieurs ports en Afrique et l’écart entre les flux import et les flux export.
Le problème est peut-être aussi lié aux études de rentabilité sur certains projets. La Ligne maritime Tunisie – Russie a rencontré un problème de trafic d’équilibré. Ses performances en matière d’export sont en deçà des attentes. Sa rentabilité financière est faible malgré l’affrètement par la CTN d’un navire adéquat et le lancement d’une campagne de communication auprès des opérateurs. La CTN ne peut aujourd’hui supporter le grand déficit sur cette ligne, ce qui l’a obligé de l’arrêter depuis le 14 août 2018 deux ans environ après son lancement.