Pourquoi l’AKP constituerait une attraction pour la mouvance islamiste dans la région arabe ? Parce que les islamistes turcs ont été inspirés du modèle turc qui a été éclaboussé par la crise syrienne et la chute de l’ancien président égyptien Mohamed Morsi. Principale conclusion d’une récente conférence organisée à Tunis.
L’évocation des relations de la Tunisie avec la Turquie ne se fait jamais sans une certaine polémique. On reproche aux gouvernants d’Ennahdah d’avoir toujours entretenu des échanges avec le président de l’AKP (Parti de la Justice et du Développement), Recep Tayyip Erdogan, qui ne servent pas jusqu’à l’économie tunisienne : le déficit commercial avec la Turquie, annoncé fin 2018, est de 2307,3 millions de dinars.
En organisant, de ce fait, une rencontre, sur « Islam et politique : quels liens entre AKP et Ennahdah ? », l’IRMC (Institut de Recherche sur le Maghreb Contemporain), un des centres de la coopération française à l’étranger, ne pouvait ne pas attirer la grande foule. La bibliothèque de cet institut affichait, le 9 janvier 2019, et malgré une heure relativement tardive (17 heures 30), complet.
Principale réflexion introduite par la conférence donnée par Bayram Balci, Directeur de l’Institut Français d’Etudes Anatoliennes (IEFA) d’Istanbul (Turquie) et chercheur sur les relations entre islam et politique : l’AKP et Ennahdah sont influencés l’un par l’autre.
Rapprochement avec les Frères Musulmans
Le mouvement Ennahdah a longtemps considéré l’AKP comme un modèle et ce dernier n’est pas indifférent à la pensée du premier et d’une manière générale celle du parcours politique des Frères Musulmans.
Le rapprochement de l’AKP avec le mouvement des Frères Musulmans ne date pas du reste d’aujourd’hui. L’intérêt des islamistes pour l’AKP date des années soixante-dix du temps du Parti du Salut National (MSN) de Necmettin Erbakan, considéré comme l’ancêtre – sinon un des ancêtres- de l’AKP. Erdogan a fait ses débuts politiques dans la section stambouliote de l’organisation de jeunesse du MSP.
Au cours de cette période, assure Bayram Balci, le MSP se rapproche des Frères Musulmans dont il traduit les principaux théoriciens et les invite au débat sur l’islam politique. « Je pense que l’œuvre de Rached Ghannouchi a été traduite », fait remarquer le chercheur.
Mais pourquoi l’AKP exerce-t-il une certaine attraction pour les Frères Musulmans et pour tous ceux qui sont dans la mouvance de l’islam politique ? Réponse de Bayram Balci : l’AKP a longtemps constitué, y compris parmi les élites politiques occidentales, un modèle.
Le chercheur relève, dans ce cadre, un ensemble de facteurs : réalisme politique (Erdogan renonce à toute référence à l’islam politique). Recep Tayyip Erdogan s’intéresse aux couches marginalisées pratiquant un politique de proximité avec le peuple. R. Tayyip Erdogan réussit une stabilité politique (Erdogan est au pouvoir depuis 2002). Il réussit à gagner les élections. Il améliore le vécu des citoyens (politique énergique au niveau de la santé et de l’éducation). Erdogan améliore l’état des relations avec le monde…
Pragmatisme turc
Et Bayram Balci de noter qu’Erdogan s’est tourné davantage vers le monde arabe. Contrairement à ses prédécesseurs kémalistes plutôt amarrés à l’Occident.
Les partis islamistes, à en croire Bayram Balci, ne pouvaient ne pas être intéressés par ce modèle. Un modèle qui a cependant beaucoup perdu de sa splendeur depuis la crise syrienne et la chute de l’ancien président égyptien Mohamed Morsi en 2013.
L’implication de la Turquie dans la guerre de la Turquie d’Erdogan a fait douter et même déplu à plus d’un. Comme la chute de Mohamed Morsi a cristallisé une partie de la défection pour la mouvance islamiste.
Autre enseignement du cursus de l’AKP qui a inspiré la mouvance islamiste : le pragmatisme. « Rien n’est pour l’AKP définitif ou irréversible » pour les islamistes turcs, pense Mohamed Chérif Ferjani, professeur émérite de sciences politiques à l’Université de Lyon 2, qui a été le « discutant » de la rencontre, personne qui discute, qui questionne une présentation qui vient d’être donnée.
Aussi Erdogan a-t-il assuré avec un rapprochement avec l’Europe et accepté des réformes en matière de droits de l’Homme. Mais cela n’a pas duré longtemps puisque le président turc est revenu aux fondamentaux conservateurs dès lors que l’Europe a tourné le dos à la Turquie.
Dos tourné de l’Europe, Erdogan, l’APK et même les pro Atatürk, ont opté pour une nation, la dernière en pouvoir d’influence et ancien bastion de l’Empire Ottoman.
Avec l’Islam politique et les frères musulmans qui se cherchent à s’épauler et à être soutenus même par le Satan lui-même.
Dans le temps de Morsi, les Nahdhaouis, en Tunisie se sont montrés tête haute croyant que c’est le temps de mettre la main sur les « reptiles et les volailles ».
Heureusement que cette misère n’a pas duré et les khouanjia ont pris le trottoir, tête baissée.
Qu’attendez-vous avec l’ethnique au pouvoir? Rien. Des institutions?
Ils ne veulent pas d’elles, donc on en déduit que les attentes restent des attentes. La seule évolution sera l’évolution de la valeur des importations de notre chère Turquie… Merci Frères Musulmans…