Devant une foule de syndicalistes et de partisans de l’UGTT, Noureddine Taboubi, le secrétaire général de l’UGTT, a prononcé son discours. Il rime avec l’escalade et une situation irréversible. Multipliant les messages à l’égard du gouvernement et aux Tunisiens, Taboubi maîtrise son sujet. Il affiche une volonté inflexible de continuer son bras de fer avec les autorités. Zoom sur un discours poignant.
Ainsi, le secrétaire général de la centrale syndicale la plus représentative du pays affirme que la voix de l’UGTT demeurera la seule retentissante. S’adressant à ses détracteurs, il ne manque pas de leur rappeler qu’ils s’attaquent en vain à l’UGTT. Puis, sollicitant la mémoire de la foule, il rappelle que les ligues de la protection de la révolution se sont attaquées au siège de l’UGTT, sans succès. La révolution est permanente et ne s’achèvera que lorsqu’elle atteindra ses objectifs, clame-t-il. Et la réalisation des objectifs de la révolution est un véritable hommage aux âmes de tous les martyrs de la révolution, notamment Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi, martèle-t-il.
Puis, confiant et déterminé à la fois, le secrétaire général rappelle les négociations sociales qu’il a su mener avec le gouvernement et l’UTICA. Avec à la clé l’obtention de plusieurs accords salariaux au bénéfice des salariés. Cela n’aurait pas été possible sans la mobilisation et le soutien des syndicalistes à leur leader.
La Tunisie n’est pas à vendre, clame Noureddine Taboubi
Cependant, il évoque le spectre de la privatisation et/ou la liquidation des entreprises publiques qui persistent encore. La Tunisie n’est pas à vendre lance-t-il.
D’un revers de main, il montre les lacunes flagrantes de la proposition du gouvernement. En effet, celui ci suggère la réduction fiscale des salaires des fonctionnaire. Pour lui, il s’agit d’une proposition qui portera atteinte aux salariés et aux retraités. Dans le même ordre d’idées, il déclare que le gouvernement affirme n’avoir pas reçu l’accord du FMI pour octroyer des augmentations salariales. Cela constitue une violation de la souveraineté, s’insurge-t-il. Toutefois, l’attachement à la cause du secteur public et à celle de la fonction publique ne fait pas oublier à l’UGTT les retraités. « Nous voulons que toute augmentation du SMIG soit appliquée sur les pensions de retraite », revendique-t-il.
Noureddine Taboubi : « On ne reconnaît plus la Tunisie »
Sur un autre volet, il avance que le décret du gouvernement qui porte sur la réquisition ne vaut absolument rien. « Alors que le décret qui porte sur la titularisation des enseignants suppléants n’est pas encore publié au JORT, le gouvernement se précipite hier soir pour publier un décret qui porte sur la réquisition », dit-il.
Ensuite, tout en saluant « les journalistes honnêtes », il pointe du doigt les médias qui ont reçu un financement britannique pour diaboliser les mouvements sociaux et l’UGTT. Si les campagnes de dénigrement contre l’UGTT échouent c’est grâce à l’union de ses partisans, se félicite-t-il.
Loin des discours enthousiastes, Taboubi tient à argumenter ses propos en recourant aux chiffres. Tout en avançant des chiffres, Noureddine Taboubi ne cite pas ses sources, ce qui laisse à s’interroger sur leur véracité. 800 mille Tunisiens n’ont pas accès à l’eau potable; 150 mille familles vivent dans des habitations indécentes; 7000 mille millions de dinars pertes fiscales sont enregistrées. Deux millions de Tunisiens ont un salaire annuel qui ne dépasse pas 2000 dinars soit environs 550 euros. Ainsi, de quel développement parle le gouvernement, crie-t-il.
Et d’ajouter que ce gouvernement n’a rien donné aux Tunisiens en matière d’emploi. À cet égard, il s’attaque d’une façon frontale au bilan des mécanismes d’emploi. Notamment au Programme Forsati (ma chance) qui a engendré une perte de 500 millions de dinars, sans créer suffisamment d’emploi. Par ailleurs, il regrette la dégradation de l’enseignement public qui n’est plus un ascenseur social et la situation de la santé publique. « On ne reconnaît plus la Tunisie », affirme-t-il.
L’escalade sera désormais la règle
En outre, il confirme que l’escalade sera désormais la règle. Et pour cause la commission administrative nationale de l’UGTT se tiendra samedi. Elle prendra des mesures importantes pour continuer la lutte. L’objectif est d’obtenir les augmentations salariales pour les fonctionnaires du secteur public.
Par ailleurs, Noureddine Taboubi incite la classe ouvrière à participer aux élections pour sanctionner la classe politique actuelle.
À la fin de son intervention, Noureddine Taboubi affirme que la grève générale du 17 janvier 2019 n’est pas celle du 26 janvier 1978. Si la première se déroulait à l’ère de la démocratie, la seconde se passe l’époque du despotisme et de la dictature.