Il est nécessaire d’élaborer une stratégie nationale adéquate capable de développer la qualité des infrastructures, augmenter le degré de connectivité et booster l’investissement. Tunisia Economic Forum a tenu sa cinquième édition le 11 avril à l’IACE. Trois panels se sont focalisés sur la qualité des infrastructures de connectivité.
Invité au troisième panel sur le thème : « Quel plan stratégique pour une infrastructure de qualité », Hichem Ben Ahmed, ministre du Transport, a présenté les principaux défis que rencontre l’infrastructure portuaire, routière, ferroviaire et aérienne et l’état d’avancement des projets en cours et programmés.
« Un de mes soucis est d’avancer dans la réalisation de tous les projets de notre stratégie relative au développement de l’aérien, du portuaire et du ferroviaire », assure le ministre.
Ce qui est frustrant pour Hichem Ben Ahmed c’est que les moyens sont là, mais qu’on n’avance pas dans les projets, à cause du retard dans les appels d’offres. Aujourd’hui, ces appels d’offres ne passent pas, parce que parfois ils sont influencés et/ou l’administration a peur parce que les chefs d’entreprises publiques et les directeurs généraux ont aussi peur.
Un nouvel aéroport n’est pas une urgence
Interpellé sur le dossier des aéroports et de l’Open Sky, le ministre a précisé que des efforts sont consentis pour l’amélioration de l’aéroport Tunis – Carthage et l’augmentation du nombre de passagers pour atteindre les 7.5 millions de passagers par an, avec un investissement d’environ huit millions de dinars.
« Je ne vois pas aujourd’hui l’urgence d’un nouvel aéroport. Aujourd’hui, l’aéroport d’Enfidha ne fonctionne pas comme il faut. Celui de Monastir est presque à l’arrêt », précise Hichem Ben Ahmed.
Et d’ajouter qu’il y avait un problème entre l’Etat et la TAV au niveau de l’aéroport d’Enfidha. Un accord sera signé avec cette société pour qu’elle commercialise cet aéroport ouvert qui devrait être un hub. Notons que la société qui gère l’aéroport d’Enfidha est franco-turque.
Qu’en est-il de l’Open Sky ?
S’agissant de l’Open Sky, le ministre a souligné qu’une convention devrait être signée entre la Tunisie et l’Union européenne et qui permettra aux compagnies aériennes low-cost de pouvoir travailler en Tunisie.
Toutefois, l’Open Sky, ajoute le ministre, risque de mettre Tunisair en position concurrentielle difficile. C’est pourquoi le choix a été fait de façon que cette convention ne concerne pas l’aéroport Tunis-Carthage pendant les cinq premières années.
« La signature de cette convention est en retard à cause du Brexit. Des discussions sont en cours au niveau du premier article de cette convention qui définit la territorialité. Le souci est entre le gouvernement britannique et le gouvernement espagnol », précise le ministre du Transport. Et d’ajouter que l’Open Sky va booster l’activité dans tous les autres aéroports (Gafsa, Tozeur…).
Le ferroviaire, le maillon oublié de la chaîne logistique
Le maillon oublié de la chaîne logistique en Tunisie est l’infrastructure ferroviaire qui a pu dans plusieurs pays désenclaver des régions entières voire, assurer leur redéploiement dans des activités consacrées auparavant aux régions côtières.
Le ferroviaire ne concerne pas seulement le transport de marchandises. Le transport des personnes est aussi important. Pour le mode de transport en Tunisie, il y a un problème d’infrastructure (rails) et un problème de machines. Malheureusement, sur les 2150 km de rails, seulement 1850 km sont aujourd’hui fonctionnels. Cela a beaucoup impacté les délais. Un voyage de Tunis à Gabès pourrait durer entre 5 et 7 heures ! De plus, La SNCFT a des trains qui ont entre 30 et 35 ans d’âge. C’est la limite maximale, surtout en cas d’absence d’entretien.
C’est pourquoi une stratégie de cinq ans a été mise en place pour la mise à niveau de l‘infrastructure ferroviaire. Une étude technique a été réalisée pour identifier les problèmes. Le ministre a annoncé que, d’ici un mois, on pourra lancer la fabrication de machines. C’est un projet qui va durer 36 mois. À partir du 18ème mois, on aura les premiers trains.
L’infrastructure ferroviaire sera-t-elle améliorée ?
Sur le plan du renforcement des équipements, le ministère du Transport a lancé un appel d’offres. Deux entreprises mondiales ont présenté leurs offres pour l’achat de 110 rames; ce qui va changer la vie des citoyens pour les déplacements en train.
Pour le phosphate, l’Etat va acquérir 20 nouvelles locomotives dont 10 seront acquises d’ici la fin du mois. Notons que 40% du chiffre d’affaires de la SNCFT était généré par le transport du phosphate.
Le ministère œuvre actuellement sur le lancement de nouvelles lignes ferroviaires. Il s’agit de la ligne Tunis–Kasserine, la ligne Enfidha–Kairouan et la ligne Gabès–Médenine, ainsi que la réhabilitation de la ligne Sousse–Kasserine.
Pour les autres projets en cours, le ministre a tenu à souligner que le projet du RFR (Tunis–Manouba), dont la réalisation est en retard d’environ cinq ans et qui va assurer le transport d’environ 600 000 et 700 000 personnes par jour, a repris avec une augmentation de quelques centaines de millions de dinars au niveau du montant des investissements. « Ce projet fait aujourd’hui partie d’une de nos priorités. La première partie (ligne E) sera prête et fonctionnera d’ici la fin de l’été 2019 », annonce Hichem Ben Ahmed.
L’éternel problème au Port de Radès !
L’infrastructure portuaire constitue la clef de voûte de l’ouverture économique du pays. C’est aussi le moyen de porter le développement du pays et l’amélioration de la performance et la compétitivité des entreprises tunisiennes et étrangères implantées en Tunisie. Les participants aux débats du panel consacré au plan stratégique pour une infrastructure de qualité étaient unanimes sur l’urgence de faire face aux problèmes que rencontrent les opérateurs économiques aux différents ports du pays, et notamment à celui de Radès.
Pour calmer les esprits, le ministre a rappelé que le gouvernement a pris les décisions qu’il fallait prendre concernant les quais 8 et 9 du Port du Rades et le projet de la construction du Port d’Enfidha, par le lancement des appels d’offres et la préparation d’un nouveau cahier des charges qui sera prêt d’ici une semaine. Au niveau du Port d’Enfidha, qui s’étend sur 3000 hectares, une consultation directe sera lancée pour commencer les travaux d’ici la fin d’année.
« On a mis tous les moyens pour changer la gestion du Port de Radès et booster les exportations tunisiennes à travers de nouvelles technologies en la matière. Ça devait fonctionner depuis le mois de janvier dernier, mais seulement 20% de ce système fonctionne aujourd’hui. Cela est dû au manque de formation nécessaire et à d’autres facteurs humains. La mise en place de ce système dérange certaine personnes », déplore Hichem Ben Ahmed.