Les femmes entrepreneures sont à l’honneur au cycle de rencontres de l’Atuge organisé par le Club l’Atuge au féminin. Se sont jointes outre les Atugéennes, des femmes économistes, chercheures, enseignantes, dans une ambiance conviviale.
« Quels modèles de réussite au féminin dans la Tunisie d’aujourd’hui », tel est le débat lancé lors de la soirée, où chacune des femmes présentes a raconté son expérience, son parcours laborieux, mais qu’au final chacune d’elle a réussi. »
Rencontrée lors du débat, Ines Hallab, membre du conseil d’administration de l’Atuge, responsable Club Atuge au féminin évoque qu’il n’y a pas un seul modèle de réussite, en mettant l’accent sur le modèle de la femme régionale. Selon elle, il faut miser sur la sensibilisation.
De son côté, Lamia Ben Mime, Cheffe de cabinet auprès du ministère du Développement, de l’Investissement et de la Coopération internationale a mis l’accent sur la participation des femmes dans les postes de décision.
Elle déclare que pour réussir, il faut assumer le poste dès le départ, notamment à travers la gestion des ressources humaines et autres… Elle précise: « Les femmes ne sont pas des carriéristes. D’ailleurs, elles sont beaucoup moins politisées, contrairement aux hommes ».
Atuge : pour changer les mentalités, il faut passer par une transition culturelle
La réussite personnelle, professionnelle et sociale de la femme tunisienne n’est plus l’apanage d’une catégorie bien déterminée ou privilégiée. Ces réussites fleurissent dans le secteur public comme dans le secteur privé, au sein de la société civile et dans des structures diverses et variées.
En effet, à côté des réussites entrepreneuriales et managériales généralisées à tous les métiers (gestionnaire, financier, ingénieur, artiste, journaliste, etc.), Sahar Mechri, Directrice exécutive du magazine leManager, a mis l’accent sur la réussite des femmes entrepreneures mais aussi sur son engagement personnel au profit de l’entrepreneuriat féminin.
Atuge : entreprendre n’est pas une tâche facile
Douja Ben Mahmoud Gharbi, entrepreneure, CEO RedStart Tunisie et membre fondateur de CONECT souligne qu’entreprendre n’est pas une tâche facile, mais qu’il faut de la persévérance et le soutien des autres.
Les femmes entrepreneures présentes au débat représentent un savoureux dosage de leadership, de stratégie, de performance mais surtout d’impact, ce qui à coup sûr va inciter d’autres femmes à vouloir tenter l’aventure dans le monde passionnant de l’entrepreneuriat.
Par ailleurs, Sonia Mbarek, ancienne ministre de la Culture et politologue, revient sur les mentalités qui doivent changer. Selon elle, pour changer les mentalités, il faut penser au moyen et au long terme : « Il faut créer un écosystème favorable qu’il soit social économique, politique, individuel ou collectif », poursuit-elle. Il faut en somme passer par une transition culturelle.
Quid de la présence de la femme en politique ? La Tunisie détient le taux de participation de la femme en politique le plus élevé dans le monde arabe mais aussi en Afrique. En 2017, 30,8% des parlementaires étaient des femmes. Ce résultat est le fruit de la parité imposée au niveau des listes électorales grâce à l’Association Egalité et Parité ( créée en avril 2011) en ayant le même effet sur les conseils municipaux.
Rappelons que le gouvernement Youssef Chahed compte 4 femmes: trois ministres, Néziha Laabidi, Sonia Ben Cheikh, Saïda Ouinissi, et une secrétaire d’Etat. Dans le gouvernement près de 12% sont des femmes.
Mouna Ben Othman, Docteur en sciences économiques et Membre fondateur de Béni watani responsable des secrétariats nationaux souligne : « Si aujourd’hui la femme tunisienne ne paraît pas au-devant de la scène politique c’est que peu de femmes s’y intéressaient avant la révolution ».
Selon elle, pour percer il faut donc déployer plus d’efforts que pour les hommes, comme dans tout autre domaine d’ailleurs. Mais peut-être un peu plus en politique vu que c’est un domaine de pouvoir et l’homme n’est pas prêt à le céder naturellement.
Elle conclut: « L’intervention de la législation dans ce sens reste importante pour assurer la parité. Ce n’est pas que la femme n’est pas capable d’arracher sa place mais c’est que cela prendrait plus de temps. Le président Bourguiba l’a bien compris et sans le Code du statut personnel qu’il a su imposer la femme tunisienne n’aurait pas la première place en termes de droits dans le monde arabe. »