L’Economiste Maghrébin a organisé le 2 mai, en avant-première, à la veille du Forum de l’Economiste qui en est cette année à sa 21ème édition, un dîner-débat sur le thème : « La Tunisie, l’Europe et la mondialisation ».
Étaient présents à ce débat Khemaies Jhinaoui, ministre des Affaires étrangères, Patrice Bergamini, Ambassadeur et chef de la Délégation de l’EU en Tunisie, Pascal Lamy, ancien directeur de l’OMC, Leila Baghdadi, présidente de la Chaire de l’OMC, Geneviève Pons, DG de l’Institut DELORS et Habib Karaouli, PDG Cap Bank.
Ouvrant le débat, Hédi Mechri, fondateur et directeur de l’Economiste Maghrébin, a souligné que les appréhensions des corps constitués, de la Centrale patronale, du syndicat ouvrier, de l’Union des agriculteurs, des groupements professionnels quant à l’ALECA ne sont pas illégitimes.
« L’ALECA serait le déclic en quelque sorte pour amorcer leur mutation, leur transformation à l’instar de ce qui s’était fait lors de la signature de l’Accord de libre-échange en 1995 qui avait mis en perspective, avec succès, la mise à niveau des entreprises industrielles », ajoute Hédi Mechri.
ALECA : des risques et des opportunités
Khemaies Jhinaoui a souligné que la Tunisie est concernée par les nouveaux bouleversements mondiaux et cherche à se protéger. Évoquant l’impact de l’ALECA sur l’économie tunisienne, le ministre estime que cet accord est porteur d’opportunités du fait qu’il permettra de faciliter l’accès des produits tunisiens sur le marché européen. Cependant, cet accord nécessite un débat pour identifier, avec réalisme et ambition, l’approche à suivre. « Tout au long de ce processus, nous aurons besoin d’être accompagnés. Il est nécessaire de bien comprendre qu’il nous faut ménager un temps d’adaptation, car nous sommes conscients des risques que présente cet accord », souligne Khemaies Jhinaoui.
A qui profite l’absence de l’ALECA ?
Rappelant l’importance de l’assistance technique et financière accordée par l’UE à la Tunisie, Patrice Bergamini a affirmé que l’ALECA est un facteur de mise à niveau pour bien équiper l’économie tunisienne. Toutefois, il n’a pas manqué de rappeler les mauvaises littératures quant à cet accord qui, selon ses dires, devrait être nommé différemment « A qui profite l’absence de l’ALECA ? », s’est interrogé l’Ambassadeur et chef de la Délégation de l’UE en Tunisie qui a annoncé que le 4e round des négociations s’achève aujourd’hui.
Développer les avantages comparatifs
Pour que la Tunisie profite pleinement de l’ALECA et de son voisinage, Pascal Lamy a recommandé de développer des avantages comparatifs, à savoir les libertés publiques, la qualité de son système éducatif, ses ressources humaines et la mer au vu de l’importance de l’économie bleue.
« La Tunisie doit développer davantage son système de production et bénéficier de ses avantages comparatifs, notamment en ce qui concerne ses relations avec l’Union européenne », affirme l’ancien directeur de l’OMC qui a regretté la faible intégration économique entre les économies maghrébines qui coûte annuellement de 2 à 3 points de croissance pour chacun des pays maghrébins.
Intégrer les chaînes de valeur mondiales
Leila Baghdadi a, pour sa part, mis l’accent sur l’importance des chaînes de valeur internationales où la Tunisie est présente, mais seulement avec l’Europe et reste concentrée au niveau sectoriel.
Leila Baghdadi considère que les vrais défis de la Tunisie sont la diversification sectorielle, le positionnement sur certains secteurs à haute valeur ajoutée (TIC, industrie pharmaceutique…) et la montée en gamme.