« Construire l’avenir de l’entrepreneuriat dans le voisinage Sud » . Tel est le thème de la conférence “ EU Med means business”qui a été accueillie par le commissaire Johannes Hahn à Bruxelles les 21 et 22 mai.
L’événement était l’occasion d’un débat ouvert sur les principaux défis et obstacles à l’investissement et à l’esprit d’entreprendre dans le voisinage méridional de l’UE.
« La Tunisie est devenue une démocratie même avec tous ses problèmes”, déclare Michael Köhler, Directeur pour le Voisinage à EuropAid (direction générale ‘Coopération et Développement’ de la Commission européenne), tout en soulignant que la Tunisie a une classe moyenne et malgré les difficultés, le pays essaie de se développer économiquement”, à l’occasion de la rencontre avec les journalistes.
La solidarité de l’UE
« Et c’est enfin un pays particulièrement exposé à certaines difficultés, comme la situation du chaos en Libye ayant créé des problèmes sécuritaires et d’emploi… Cela appelle la solidarité de l’UE”, poursuit-il.
De ce fait, miser sur la créativité et l’innovation constituent de vraies armes de développement économique. C’est ce qui a été affirmé plus d’une fois lors des rencontres entre les entrepreneurs des neuf pays ( Tunisie, Libye, Maroc, l’Algérie, Jordanie, Egypte, Liban, Palestine, et la Syrie).
Présent lors du colloque, Yehia Houry, managing Director de Flat6Labs, a affirmé que l’entrepreneuriat en Tunisie s’est bel et bien développé depuis quelques années.
C’est pourquoi, la politique de voisinage, instituée en 2003, doit pouvoir s’appuyer sur une nouvelle politique étrangères qui mette en place des partenariats particulièrement renforcés avec les pays voisins de l’UE. Et ce qui est vrai pour l’est est aussi vrai pour le sud.
C’est de cette idée qu’est née une nouvelle politique européenne qui vise spécifiquement à traiter ces pays voisins différemment que les autres partenaires de l’UE.
Mais la grande question, qu’est-ce qui se passe en ce moment? La fuite des cerveaux, la libre circulation des personnes, le fameux accord de libre-échange qui fait en ce moment polémique en Tunisie… Ce sont autant d’interrogations qui demandent des clarifications.
L’Aleca, la panacée du siècle ?
L’exemple donné par le Commissaire de l’UE Johannes Hahn de la Géorgie qui a adopté l’Aleca est encourageant. Ce pays a vu sa croissance passer à deux chiffres en quelques années grâce à l’Aleca.
Pour le cas de la Tunisie, qui n’a pas encore dressé le bilan du précédent accord de 1995, c’est une autre paire de manches. Toujours est-il que la mise à niveau des secteurs concernés par l’accord approfondi – comme l’agriculture – est incontournable. Elle prendra quelques années, ce qui va nous permettre de bien comprendre quels seront les avantages et les inconvénients pour notre économie.
A n’en point douter le défi sera de taille à relever pour certains secteurs quand il s’agira de se conformer aux standards européens, le secteur des Tics en premier.
En tout état de cause, l’UE devra, à travers sa politique de voisinage, imaginer des solutions sur mesure à l’endroit des pays signataires de l’Aleca. C’est le passage obligé pour la réussite de l’Accord destiné à être bénéfique pour tout le monde.
Michael Köhler: Nous incluons toujours la société civile dans nos partenariats
Michael Köhler rassure: « Parce que ces pays restent nos voisins et nous ne pouvons pas fermer les yeux et dire « vous ne voulez pas être comme on veut que vous soyez, donc nous ne coopérons pas avec vous ». Nous avons donc reconstruit la politique de voisinage en 2015 en la concevant comme une grosse boîte à outils. »
Il poursuit: « L’UE regarde donc la situation de chaque pays et a des instruments applicables à tous les cas de figure et d’autres qui ne sont utilisés que dans certaines situations. Mais nous maintenons certains principes : nous incluons toujours la société civile dans nos partenariats et refusons de travailler exclusivement avec les pouvoirs publics d’un pays. Et par la société civile, nous entendons aussi les organisations syndicales et de défense des droits de l’homme. Cela peut être le patronat aussi, comme l’UTICA en Tunisie ».
La Tunisie reçoit chaque année 300 millions euros
Il ajoute: “Ensuite, nous ne manquerons jamais de critiquer les pays (de notre voisinage) qui n’ont pas atteint les standards en matière de démocratie et de protection des droits de l’Homme. Nous ne dirons pas nécessairement « nous ne souhaitons pas coopérer avec vous » mais « nous vous critiquerons » (si besoin). A titre d’exemple, nous critiquons les Etats-Unis parce que (certains Etats américains) appliquent la peine de mort, parce que nous l’avons abolie en Europe. Nous essayons donc de travailler avec tous les pays du voisinage de l’EU. Mais ceux parmi ces pays qui veulent davantage utiliser les outils européens bénéficieront plus de la politique de voisinage. Et cela apparaît dans les chiffres. D’ailleurs, la Tunisie reçoit chaque année 300 millions euros d’aide de l’UE”.
La liberté de circulation des personnes
Pour le cas de l’Aleca, la liberté de circulation des personnes fait partie intégrante de l’Accord d’association Tunisie-UE.
Au sein de la Commission européenne, ce thème est au cœur des discussions autour de l’avenir du partenariat avec la Tunisie. Pour le Vieux continent, l’enjeu est avant tout d’ordre sécuritaire.
A ce niveau, M Köhler déclare que l’Europe ne peut pas avoir un accord de libre-échange couvrant des services d’une part et d’autre part, ne pas être plus généreuse quand il s’agit de la mobilité des personnes »
En d’autres termes, cela veut dire assortir la liberté de circulation des biens, des services et des capitaux à la libre circulation des personnes.
La fuite des cerveaux, on en parle!
Les jeunes diplômés sont à la recherche d’un nouvel Eldorado. En Tunisie, près de 95 000 compétences de haute valeur ont quitté le pays à la recherche de meilleures opportunités depuis les six dernières années.