Décision importante, le Président de la République Béji Caid Essebsi n’a pas ratifié les amendements de la loi électorale.
Transgressant d’ailleurs cette décision de Béji Caid Essebsi, l’ISIE a donné des consignes aux agents de ses bureaux de se conformer aux dispositions de la loi électorale dans sa version actuelle. Et de n’exiger aucune condition de celles qui ont été rapportées dans la nouvelle formule de cette loi.
La décision présidentielle, rejetant toute politique d’exclusion et changeant les règles de jeu du processus électoral, une vingtaine de jours, avant la présentation des candidatures, a été saluée par l’opinion publique tunisienne. Les amendements électoraux proposés par l’alliance gouvernementale étaient jugés par un grand nombre d’observateurs, comme une velléité d’écarter des concurrents, dont les sondages d’opinion ont annoncé leur probable triomphe. On aurait pu, d’ailleurs, proposer l’application de ces amendements, après les élections actuelles.
D’ailleurs, le bureau exécutif de la centrale syndicale a appelé, dernièrement, «à reporter l’amendement de la loi électorale et à ouvrir un large débat sur le code électoral loin des pressions électoralistes. Et ce, de manière à garantir des amendements profonds, stratégiques et apaisés. A même de contribuer à faire réussir la construction démocratique». La centrale estime que «la volonté de changer la loi en cette étape critique comme étant tardive, et est de nature à accentuer les tiraillements politiques, à envenimer le climat et à compromettre le processus électoral dans son ensemble».
Garant de la Constitution, Béji Caid Essebsi est soucieux d’assurer les conditions de réussite de la transition démocratique tunisienne et de faire valoir l’égalité de tous les candidats. Pouvait-on critiquer exclusivement le directeur de Nessma et de Iche Tounsi. Alors que la classe politique se rend compte que des partis concurrents disposent de chaines de télévision et offrent des subventions effectives à leurs partisans. Adhérant à l’esprit bourguibien, Béji Caid Essebsi accepte «les compromis mais refuse la compromission».
La classe politique tunisienne souhaite, néanmoins, une intervention explicative du Président de la République. Exagérant leur critique, certains évoquent «le silence de Carthage». Répondant à ces attentes, le président a décidé d’expliquer sa décision (selon la déclaration de l’un de ses conseillers le 20 juillet). Pourrait-il dissiper le clair-obscur du paysage politique tunisien ?