Les indicateurs d’activité des sociétés cotées sont très utiles. Et ce, pour avoir une idée sur l’activité économique du pays.
Nous avons sélectionné 31 sociétés cotées. Celles-ci ont une branche industrielle (qu’elle soit une activité principale ou secondaire) parmi les 33 qui remplissent ce critère. Et ce, en l’absence des chiffres d’Elbene Industrie et SIPHAT jusqu’à la rédaction de ces lignes.
Progression du chiffre d’affaires
Durant le deuxième trimestre 2019 (T2 19), le chiffre d’affaires de ce groupe de sociétés s’établissait à 2,001 milliards de dinars, soit une progression de 12,4% en rythme annuel.
Depuis le début de l’année, les revenus atteigent 3,944 milliards de dinars contre 3,425 milliards de dinars durant les six premiers mois de 2018. En effet, seules quatre sociétés enregistrent une baisse dans leurs ventes sur le premier semestre (S1 19). A savoir GIF, ADWYA, SANIMED et New Body Line.
41,5% de la progression du chiffre d’affaires du S1 19 proviennent d’une seule société : PGH. Le holding réalise des revenus de 1,461 milliards de dinars. Si on ajoute Délice Holding et OTH, le seuil de 50% de la hausse sera dépassé.
D’ailleurs, plus de 76% du chiffre d’affaires de ce groupe de 31 sociétés est assuré par quelques sociétés : SFBT, PGH, Délice Holding, SAH, OTH et Carthage Cement. Cela traduit le déséquilibre du point de vue taille entre les sociétés cotées à la Bourse de Tunis.
La hausse du chiffre d’affaires ne signifie pas nécessairement plus de bénéfices. Dans un contexte inflationniste (6,5% fin juillet), la hausse réelle des revenus est inférieure à 10%. De plus, cette croissance ne peut venir qu’au détriment des marges.
Décélération des exportations
La résilience que le dinar a montrée durant le T2 19 n’a pas été une bonne nouvelle pour notre groupe de sociétés. Sur la période allant d’avril à juin, le chiffre d’affaires export s’est établi à 490,719 millions de dinars, soit une petite hausse de 3,4% en rythme annuel.
Sur le S1 19, les revenus export ont atteint 1,025 milliard de dinars contre 917,406 millions de dinars en 2018. La part de ces revenus dans le chiffre d’affaires total a légèrement reculé à 26%.
Durant le T2 19, 17 sociétés ont vu leurs activités d’exportation reculer. Sur le S1, 11 sociétés ont affiché cette tendance. Si le dinar continue son appréciation, nous allons certainement enregistrer de nouvelles baisses au cours du troisième trimestre.
Le plus gros exportateur de la place reste OTH qui représente près de 37% des revenus export de l’ensemble de la Place. Si l’on ajoute PGH, ce pourcentage passe à plus de 52%. Hors ces deux sociétés et quelques autres exportateurs (ICF, SAH, ALKIMIA et Euro-Cycles), le chiffre d’affaires export est resté stable. Cela montre que nous allons enregistrer une décélération dans le commerce extérieur de l’ensemble de l’économie tunisienne durant les mois à venir. D’ailleurs, selon les chiffres de l’INS, les exportations ont progressé de 12,5% durant le S1 19 contre 26,6% sur la même période en 2018.
Recul des investissements
En dépit de l’amélioration des ventes, les sociétés ne sont pas en train d’investir. Durant le T2 19, les investissements ont été de 115,922 millions de dinars, soit une baisse de 26,9% par rapport à 2018. Depuis le début de l’année, c’est une diminution de 16,6% qui a été enregistrée à 206,359 millions de dinars.
Cela traduit deux réalités : les sociétés préfèrent se focaliser sur leurs produits actuels face à la hausse des prix et à la baisse de la demande. Inutile de lancer de nouveaux produits qui risquent de décevoir. La deuxième réalité est que le coût de l’investissement est à son plus haut historique en raison des taux d’intérêt appliqués par les banques. Les sociétés sont en train de temporiser. Selon les chiffres de l’APII, les intentions d’investissement ont reculé de 23,2% à 1,509 milliard de dinars depuis le début de l’année. Cette tendance sera donc confirmée au cours du troisième trimestre.
Alourdissement de l’endettement
Mais en parallèle, la dette a augmenté de 12,6% sur le S1 19 à 2,697 milliards de dinars. L’absence d’investissements montre que cette dette est essentiellement orientée vers l’exploitation. Face aux difficultés de trésorerie, la dette s’avère la solution la plus évidente. Mais à quel prix ? Certainement c’est au détriment de la profitabilité.
Nous vous promettons de revenir à ce thème après la publication des états financiers semestriels.