Une centaine de candidats à l’élection présidentielle. C’est le paradoxe du régime parlementaire tunisien. Comment l’expliquer?
Ainsi, le décès du président Béji Caïd Essebsi a accéléré le processus électoral et a mis à l’ordre du jour l’élection présidentielle, qui devance dans cette conjoncture particulière le choix des députés.
Et les partis qui ne comptaient pas participer à l’élection présidentielle se verraient absents de sa campagne électorale. Pour assurer leurs visibilités, ils changent de tactique.
En l’occurence, le choix D’Ennahdha de son candidat à l’élection présidentielle est une option stratégique et non idéologique. Car, Ennahdha accorde la priorité aux élections législatives qui définit le quotidien, les programmes gouvernementaux et les visions d’avenir.
Quant à la candidature du chef du gouvernement, elle devient problématique, dans la mesure où Ennahdha, qui l’a toujours soutenue, prend ses distances. Peut-être compte-elle le rejoindre, lors du sprint final du deuxième tour. Dans la mesure où il assure sa défense contre ses détracteurs et défend ses options politiques et idéologiques : rejet des procès contre certains de ses dirigeants, attitude contre l’égalité de l’héritage…
Cependant, l’apparition d’un candidat de consensus brouille les cartes. En effet, le ministre de Défense risque d’éclipser le chef du gouvernement et la dirigeante du Néo-Destour, qui a réussi une grande percée électorale, vis-à-vis de l’islam politique.
Les candidats de la Troïka, outre Ennahdha, assurent une présence formelle, ne disposant pas d’assises populaires.
Puis les grands dirigeants fondateurs du Nidaa (Machrou3 Tounes, Al-Badil, Bani Watani…) ont subi l’épreuve de l’élection municipale qui les a dépréciés. N’ayant pas rejoint le candidat consensuel, ils restent à la marge du processus électoral.
Enfin, les électrons libres, qui traduisent les manifestations de l’Ego, n’ont pas d’effets sur le paysage politique. Leurs candidatures révèlent l’élan présidentiel et les inscrivent dans la mouvance du régime présidentiel d’antan, que la constitution de 2014 a occulté.