Le professeur André Martel (Cavaillon, 4 mai 1930 – Aix en Provence, 15 août 2019) vient de nous quitter.
Il fut un grand ami de la Tunisie. À sa demande, après avoir rempli ses obligations militaires, André Martel fut affecté en Tunisie où il enseigna l’histoire au Collège Sadiki de Tunis, à l’Institut des Hautes Études, à la Faculté des Lettres de Tunis-Kasbah de 1954 à 1959.
Rattaché au CNRS (1959-1962), il compléta à Paris, à Alger, à Rome et à Londres les recherches entreprises en Tunisie sur Les Confins saharo-tripolitains de la Tunisie 1881-1911, sujet de sa thèse d’Etat de doctorat ès-lettres soutenue en Sorbonne en 1966 sous la direction du doyen Pierre Renouvin. Il rejoint Tunis en 1962.
Après la soutenance de sa thèse, il fut nommé Maître de conférences à la Faculté des lettres de Tunis et y enseigna jusqu’en 1967.
Nommé professeur d’histoire contemporaine à la Faculté des Lettres et Sciences humaines de Montpellier en 1967, il fut élu vice-président de la nouvelle Université Paul Valéry Montpellier III en 1970, puis président en 1975.
Sa présidence donna tout son lustre à l’Université Paul Valéry en l’ouvrant, notamment, à l’international. Il y fonda l’école d’Histoire militaire de Montpellier en 1968. Il y créa un master consacré aux études de défense et de sécurité qu’il duplique ensuite à l’IEP d’Aix où il achève sa carrière en 1997.
Fréquemment invité dans des universités étrangères, auteur d’une cinquantaine d’articles et de communications, vice-président de la Commission internationale d’histoire militaire, cet homme de rigueur était avant tout un grand historien.
Outre la publication de sa thèse, la direction de nombreux ouvrages, dont le tome IV de l’Histoire militaire de la France. De 1940 à nos jours (PUF, 1991), on lui doit la présentation érudite de Foch. Des principes de la guerre, PUF, 1997, qui fait encore autorité dans les académies militaires.
D’autre part, le professeur André Martel fut l’auteur de la monumentale biographie du maréchal Leclerc, le soldat, le politique, publiée en 1998 chez Albin Michel et couronné, en 1999, du prix de l’Académie française. Rappelons aussi son étude magistrale sur la Libye qu’il a réactualisée en 1990 et 2016. Mais sa thèse d’Etat sur les confins saharo-lyciens reste une importante œuvre car elle analyse le sud tunisien et examine les relations entre les tribus.
André Martel a participé, par ses cours et sa direction de recherches à la formation de la première génération des historiens tunisiens. Ses publications dans les Cahiers de Tunisie sont pertinentes. Resté fidèle à la Tunisie, il y passait ses vacances, saisissant cette occasion pour rencontrer ses anciens étudiants, désormais ses collègues.