Vincent Hervouet, journaliste et ancien chef du service international de LCI revient sur l’arrestation de Nabil Karoui. Et ce, dans son édito international du 23 août. Ce dernier a été placé en détention alors qu’il figure parmi les favoris de la présidentielle en Tunisie.
La campagne présidentielle bat son plein en Tunisie. 28 candidats sont en lice dont le premier ministre, Youssef Chahed et l’ancien ministre de la défense Abdelkarim Zbidi. Mais aujourd’hui, le cas de Nabil Karoui fait la Une de tous les journaux. Si Youssef Chahed a été le premier accusé de cette arrestation, ce dernier a tout nié en bloc.
La Tunisie est une démocratie où les politiciens achètent des électeurs et des juges enferment des politiciens
Le journaliste français a tout d’abord déclaré « Nabil Karoui espère dormir dans 3 semaines au Palais de Carthage. Chaque heure qu’il passe derrière les barreaux augmente même ses chances de devenir président. Quand on se présente comme le candidat anti-système, être jeté en prison est une démonstration par l’absurde. »
Ensuite, parlant de la particularité de l’électeur tunisien, il a rajouté :
« En Tunisie, comme au Brésil, les électeurs aiment jouer les justiciers. A la chute de Ben Ali, ils avaient voté pour les plus persécutés, les islamistes et le 15 septembre ils pourraient voter pour le prisonnier de Tunis. »
Revenant sur l’affaire de blanchiment d’argent, Vincent Hervouet l’a minimisée a tel point qu’il la compare à un cycliste pénalisé pour avoir brûlé un stop. Par contre, il trouve l’arrestation de Nabil Karoui musclée.
« Les juges qui ont lancé un mandat d’arrêt contre Nabil Karoui font du zèle. Ils accusent l’homme d’affaires de blanchiment d’argent et de fraude fiscale. Et autant verbaliser un cycliste parisien pour avoir brûlé un stop.
« En plus, l’arrestation était digne d’Al Capone. La course au pouvoir du favori des sondages s’est arrêtée à un péage d’autoroute, stoppé net par une armée de policiers et en civils. L’image même de l’état profond qui se dresse contre le populisme. Le milliardaire distribue des colis d’aides alimentaires aux pauvres et sa chaîne télévisée diffuse en boucle cette charité à grand spectacle », a t’il rajouté.
La conclusion du journaliste français est pessimiste puisqu’il décrit « la Tunisie comme une démocratie où les politiciens achètent des électeurs et des juges enferment des politiciens. » « Le printemps arabe a quand même des fruits amers », finit-il par conclure.