Le fact checking est-il un remède aux fake news ? L’Institut de Presse et des Sciences de l’Information (IPSI) a accueilli un débat sur les enjeux d’un phénomène (la vérification des informations) qui est peut-être une nécessité pour assurer une information de qualité aux consommateurs. Un débat qui a traité de l’expérience de L’Economiste Maghrébin.
L’expérience tunisienne en matière de fact checking existe et mérite d’être racontée. Même si elle n’est pas très répandue, assure Hanene Zbiss. Et notre consœur spécialisée dans les enquêtes d’évoquer le cas de l’expérience menée au cours des trois jours (7,8 et 9 septembre 2019) de débats qui ont précédé la présidentielle du 15 septembre 2019 par L’Economiste Maghrébin.
Une évocation faite au cours d’un débat, organisé le jeudi 18 septembre à l’IPSI. Ceci, dans le cadre de l’initiative « Médias et démocratie », qui en est cette année à sa quatrième édition.
Une initiative qui se veut « une plateforme franco-africaine », créée en 2016. Elle a pour objectif de former et de soutenir les journalistes africains face aux mutations éditoriales. De même elle vise de nourrir la réflexion entre les différentes générations de journalistes dans le domaine des médias.
L’importance du phénomène est telle que le fact checking nécessite sans doute des enseignements dédiés. C’est ainsi que se prononce Hamida Bour, Directrice de l’IPSI. Elle relève au passage que le fact checking consiste à vérifier les faits. Cette tâche doit être assuréé le plus normalement du monde par le journaliste. Et fait donc partie des ABC de la profession journalistique.
Le phénomène des fake news a touché aux illustrations
Mais comment en sommes-nous arrivés là ? La course au buzz et la recherche du scoop sont pour l’essentiel derrière le phénomène des fake news (informations fallacieuses). Ainsi le fact checking veut contrer ce phénomène afin d’assurer une information de qualité dans le respect des consommateurs.
L’annonce du décès, le 27 juin 2019, de l’ancien président de la République Mohamed Béji Caïd Essebsi. Ou encore le récent démenti, le 18 septembre 2019, par l’ambassade de France en Tunisie d’une information selon laquelle le représentant de l’Etat français en Tunisie aurait critiqué le candidat à la présidentielle tunisienne, Kaïs Saïed, mettent en exergue le danger des fake news qui ont pollué le journalisme.
Aïda Fitouri, enseignante à l’IPSI intervient pour rappeller la gravité des fake news, présents également dans les illustrations. Aidés en cela par une panoplie de techniques et de logiciels qui peuvent travestir les faits.
Le fact checking coûte cher
Laurent Bigot, Directeur de l’Ecole Publique de Journalisme de Tours (EPJT), a présenté le cas d’une des contre-attaques de la profession à ces fake news. Ceci devant un parterre de professionnels et d’étudiants africains et tunisiens, venus suivre l’édition 2019 de « Médias et démocratie ». La radio française d’informations en continu, Franceinfo, a jugé le fact checking tellement important qu’elle a mis en place une agence d’information en interne. Celle-ci « vérifie toute information qui lui parvient même si elle est le fait d’une grande agence de presse internationale avant sa diffusion au public ».
Mais le fact checking ne coûte-t-il pas cher aux médias qui vivent une réelle crise ? La vérification des informations exige des frais souvent importants. Procéder à de nouveaux recrutements. Consacrer beaucoup de temps à des tâches qui peuvent se révéler longues et fastidieuses. Acquérir des plateformes et des logiciels, former du personnel journalistique …
Au final, la qualité de l’information est cependant peut-être à ce prix. D’autant plus que « l’écosystème est largement pollué par les fake news ». C’est ce que souligne Fabien Pont, médiateur de groupe Sud-Ouest, groupe de la presse régionale française.