Les législatives 2019 ne semblent pas faire vibrer la ville de Sfax. Où il n’y a que quelques distributions de tracts.
« On ne distingue pas facilement la différence entre les législatives et la présidentielle. Et puis, quel spectacle nous offrent nos candidats. Il s’agit d’un combat des égos et non d’une lutte entre les programmes ! », soutient un commerçant de la métropole du Sud. Reportage.
Sfax, il est 16 heures et autour du carrefour qui fait face à l’imposant bâtiment de la poste. Un jeune homme, jean délavé et déchiré, distribue le tract d’une des listes indépendantes des législatives de la circonscription de Sfax 2.
Un peu plus loin, et sur l’Allée dite des cents mètres une tente de couleur blanche accueille une dizaine de jeunes. Ils distribuent des tracts d’un parti politique dont la représentation sfaxienne est située au premier étage d’un immeuble à proximité.
Il s’agit, à ce moment-là, des seules manifestations d’une campagne électorale des législatives « bien absente », commente un passant. La quarantaine, employé dans une cafétéria du coin, Imed affirme que les législatives à Sfax 2 « ce n’est pas vraiment ça ».
Il ajoute : « Contrairement aux échéances électorales précédentes, c’est bien tiède. Vous avez beau faire le tour de la ville. Il n’y pas de tentes avec de la musique plein la rue ou encore des rassemblements pour discuter avec les candidats ou militants de telle et telle liste ».
Certaines listes manquent à l’appel
Les emplacements réservés aux affiches électorales sont bien rares. L’un d’entre eux est à côté du siège de la Municipalité de Sfax. Sur l’Avenue Habib Bourguiba dans le dos du Lycée Habib Maazoun.
L’endroit a été prévu pour accueillir les quarante-cinq listes qui se disputent les suffrages de la circonscription de Sfax 2. Mais certaines listes manquent à l’appel. Un plus d’une trentaine de liste a montré patte blanche.
« Le spectacle ne m’étonne pas », soutient un jeune, la vingtaine, pantalon gris, tee-shirt à la marque d’un soda américain et cheveux en broussaille. « La chaleur -30°- est pour quelque chose certes. Mais Sfax n’attire plus la foule des grands jours. Depuis quelques temps et avec l’extension de la ville en direction des différentes routes (Route de Agareb, Route d’Al Aïn, Route de Gremda,…), les gens ne vont plus dans le centre-ville », opine-t-il.
Le lendemain, et quelques heures après le lever du jour, les choses semblent aller mieux. Devant Bab Diwan, une des plus importantes places de la ville, neuf jeunes d’une seule liste distribuent des tracts.
Une « volonté de réelle rupture »
Portant tous des chéchias, ils appellent les habitants de Sfax 2 à voter pour une « liste de jeunes ». Celle qui veut défendre les couleurs de « La Skhira, Le Mahrès, Thyna, Bab Jebli, de Bab Diwan,… « . En fait, tout ce que la circonscription de Sfax 2 compte comme villes et quartiers.
Leur tract parle notamment d’une « volonté de réelle rupture avec l’expérience des dernières années au sein de l’Assemblée des représentants du Peuple (ARP) ». Une candidate discute avec un passant. Elle met en exergue que la liste n’entend pas distribuer de l’argent pour qu’on vote pour elle. « De toute façon, nous sommes tous fauchés », sourit-elle.
Dans la rue commerçante d’El Bey (la rue Mongi Slim), dans la médina, même spectacle. Les candidats d’une liste électorale indépendante, conduite par un homme d’affaires de la région, distribuent des tracts et parlent projets avec des commerçants.
« Je n’ai rien contre eux », affirme un commerçant d’une soixantaine d’années. « Mais que peuvent-ils faire pour la ville ? », renchérit-il. En soulignant que les citoyens sont très déboussolés par la confusion qui existe. Il explique : « On ne distingue pas facilement la différence entre les législatives et la présidentielle. Et puis, quel spectacle nous offrent nos candidats : il s’agit d’un combat des égos et non d’une lutte entre les programmes ! »