Au cours de ces neuf dernières années, les Tunisiens sont-ils parvenus à instaurer un véritable processus de la justice transitionnelle? Il est difficile de le croire, mais pourtant il est vrai.
Les Tunisiens ont dit leur mot vis-à-vis du processus de justice transitionnelle. Ainsi, une initiative du FTDES, d’Avocats Sans Frontières et d’Al Bawsala dresse un état des lieux de la situation actuelle. Et ce sur le thème « Non au retour ». Y assistait Raoudha Karafi, présidente d’honneur de l’Association des magistrats tunisiens.
A cet égard, l’objectif de cette conférence est de mettre en évidence les défis et les craintes qui pèsent actuellement sur le processus de justice transitionnelle. Et de proposer des recommandations. Tout en renforçant le dialogue entre les organisations de la société civile, affirme Antonio Manganella, président de l’ASF.
D’après lui, « ce qui s’est passé pendant l’élection présidentielle l’illustre. Aujourd’hui, les Tunisiens attendent encore les promesses de la révolution. Ils continuent de croire aux candidats qui offrent cette promesse. L’opinion publique considère que la révolution n’a pas été achevée. Et les facteurs comme avoir une meilleure répartition des richesses, démarginaliser les régions, lutter contre la corruption et améliorer le quotidien des Tunisiens sur le plan socio-économique », restent autant de recommandations.
Ainsi, le premier objectif consiste à mettre en place des réformes en profondeur, notamment celles de la justice et des systèmes de sécurité. « Cette volonté d’appeler au changement est encore présente », dit-il.
La société civile devra continuer à se mobiliser
En outre, les pouvoirs mis en place donnent un aspect négatif de la justice transitionnelle. Quand on explique ce qu’est réellement ce processus à mettre en place- à savoir les réformes, la lutte contre la pauvreté- les gens adhèrent complètement.
C’est à la société civile de continuer à se mobiliser. En clair, par un travail de vulgarisation et d’éducation auprès de l’opinion publique. Pour qu’elle comprenne que la démocratie n’est pas une chose qu’on peut gagner une fois pour toute. Mais bien qu’il faut l’accompagner et rester vigilant. Continuer à pousser mesure après mesure.
La justice transitionnelle est un pilier élémentaire de la transition démocratique
Par ailleurs, Raoudha Karafi évoque l’importance d’une justice indépendante pour garantir la justice pour tous. Elle rappelle que personne n’est au dessus de la loi.
Quel bilan peut-on dresser aujourd’hui? A cette question, elle répond que la justice transitionnelle est un pilier élémentaire de la transition démocratique. De même, la création du Conseil supérieur de la magistrature est un acquis majeur. Elle précise également que tout instance mise en place est considérée comme un pas en avant.
De ce fait, elle ajoute que certaines tendances politiques ne souhaitent pas que le pouvoir judiciaire se retrouve dans cette position. Mais cherche à l’insulter et à l’écarter du rôle qui lui est dévolu.
57,7% des Tunisiens veulent la loyauté, la confiance et le respect de la loi
De plus, selon l’étude faite par les organisations « Avocats sans frontières », Al Bawsala et le Forum Tunisiens pour les Droits économiques et sociaux, 57,7% des Tunisiens tiennent compte dans le choix du futur président de la République des critères de la loyauté, la confiance et le respect de la loi.
66,5% veulent des réponses de la justice transitionnelle
Et 66,5% des répondants affirment l’impératif de fixer des objectifs clairs relatifs à la justice transitionnelle dans les programmes électoraux des partis politiques qui gouverneront le pays après les élections de 2019.
70,1% d’entre eux estiment que la réconciliation nationale doit réunir toutes les conditions nécessaires au processus de la justice transitionnelle. Ils ont, notamment, cité la révélation de la vérité et la poursuite en justice des criminels. En insistant sur la réforme des institutions de l’Etat pour garantir la non récidive en matière d’exaction et de violation des droits de l’Homme.
Pour 60,2% des sondés, la corruption a touché les administrations publiques
En outre, l’étude montre que 93,9% des Tunisiens considèrent que la corruption a des incidences directes sur l’économie et que 60,2 % des interviewés estiment que l’administration publique est le secteur le plus touché par la corruption.
Enfin, le coordinateur d’Al Bawsala, Seifeddine Ben Tili, explique que cette étude quantitative réalisée avec le concours d’un bureau de sondage d’opinion a pour objectif de connaitre l’avis des citoyens sur la justice transitionnelle et le degré de leur disposition à interagir favorablement avec une campagne nationale visant à réinscrire la justice nationale à l’ordre de l’action politique.