Seulement 9% des électeurs du 6 octobre 2016 appartiennent à la catégorie des jeunes, âgés entre 18 et 25 ans.
Un chiffre qui fait pour beaucoup froid dans le dos, expression d’une réelle désaffection des jeunes pour les élections. Faire le constat en matière de faible participation des jeunes aux élections ou encore gémir, nous plaindre et nous lamenter ne suffit pas.
Et évidemment pas seulement pour les législatives du 6 octobre 2019. Car, le phénomène est un véritable constat à travers, pratiquement, toutes les échéances électorales depuis 2014. Un constat devenu un véritable paradigme.
L’espoir formé par beaucoup de Tunisiens, soucieux de l’avenir du pays et de la réussite du processus engagé en 2011 mettant fin à une longue dictature, est que la vapeur puisse au plus tôt être renversée.
Renverser la vapeur
Une désaffection qui a sans doute une explication, ou plutôt des explications, tant il faut s’attaquer aux nombreuses causes de ce réel désintérêt des jeunes pour le vote.
Observons qu’il est on ne peut plus facile d’expliquer –comme le font assez hâtivement certains- ce désintérêt par le chômage ou encore par l’absence de réels programmes des partis et hommes politiques à destination des jeunes. Nous savons et notamment depuis Marcel Mauss et son « Essai sur le don » qu’une réalité sociale est complexe et qu’il faut l’observer sous plusieurs angles. Un fait social est donc « un fait social total », nous dit le sociologue français.
De ce point de vue, résumer la désaffection à certains facteurs, comme indiqué plus haut, comme le chômage ou encore l’absence de réels programmes des partis et hommes politiques à destination des jeunes ou encore la rareté des jeunes sur les listes des candidats, ne peut exprimer qu’une partie de la vérité.
Le phénomène est, dans ce même ordre d’idées, si sérieux qu’il est temps de se retrousser les manches pour le comprendre et lui trouver des solutions. Peut-on accepter de nous limiter à le constater de nouveau dans de prochaines échéances électorales sans agir ?
« Un renouvellement des actions et des appréciations »
Et sans doute les premiers intéressés sont les partis politiques qui doivent s’interroger sur les actions mises en place à l’endroit des jeunes pour les mobiliser. Personne ne détient la vérité absolue dans ce domaine et l’approche doit consister à pratiquer des révisions aussi difficiles soient-elles. C’est-à-dire « un renouvellement des actions et des appréciations, visant à mieux connaître, vérifier ou modifier les résultats ».
Nul n’ignore que cela n’est pas facile. Dans la mesure où notre ADN ne nous dicte que rarement d’aller au fond des choses. Comme, nous avons pour habitude de gémir, de nous plaindre, de nous lamenter,…mais aussi de promettre de prendre le taureau par les cornes. En continuant de faire la même chose.
C’est du reste une écrivaine américaine, auteure de romans policiers, Rita Mae Brown, qui dit que « La folie consiste à faire la même chose encore et encore et à attendre des résultats différents ».