Tous ceux qui ont déclenché une polémique au sujet des chroniqueurs d’ElHiwar Ettounsi ont tort. D’autant plus que ceux qui les critiquent pour leur soi-disant « partialité » ne sont pas des exemples d’impartialité. Ils ne s’opposent à eux que parce qu’ils ont des avis contraires à ceux qu’ils portent. Et qu’ils ne veulent entendre aucun autre avis.
Les chroniqueurs d’ElHiwar Ettounsi ont fait–et continuent de faire- scandale auprès du moins d’une partie des téléspectateurs tunisiens. Certains décrient effectivement les propos des chroniqueurs de cette chaîne qu’ils estiment déplacés. Pour ne pas dire plus.
Et les réactions ne se sont pas faites attendre. Avec des débordements souvent inacceptables: injures, insultes, diffamations, voire plus. On parle de menaces réelles, jusqu’aux menaces de mort. D’ailleurs, une personne a été interrogée à Bizerte par la police, le 18 octobre 2019, pour avoir posté des menaces sur Facebook.
Des menaces qui posent de nouveau la question de la défiance à l’égard des médias. Avec souvent pour centre de préoccupation dans tout cela des chroniqueurs qui sont un fait nouveau apparu avec la révolution.
Avant cette date, les chroniqueurs, si l’on peut parler de chroniqueurs avant 2011, propageait la parole unique. Celle d’un système qui légitimait tout un bâtit qui avait les commandes du pays.
Les médias ne s’intéressent qu’aux trains qui n’arrivent pas à l’heure
De ce fait, il faut sans doute laisser du temps au temps. Comme avait l’habitude de dire en France un ancien président de la République. Car dans ce domaine, comme dans d’autres, il faut cumuler les expériences pour pouvoir dégager un vécu professionnel conforme aux règles qui ont cours dans les vieilles démocraties.
Car, les chroniques se doivent d’épouser sans cesse les formats professionnels et être au diapason de ce qui se fait sous d’autres cieux (évoluer est d’ailleurs une nécessité quel que soit le secteur). Mais cela ne veut pas dire qu’il faut se déchaîner sur tout un vécu professionnel.
D’autant plus que ceux qui critiquent certains chroniqueurs pour leur soi-disant « partialité » ne sont pas des exemples d’impartialité. Et ne s’opposent à eux que parce qu’ils ont des avis contraires à ceux qu’ils portent. Et qu’ils ne veulent entendre aucun autre avis contraire au leur.
Oublient-ils, par ailleurs, que les médias observent, comme le dit Daniel Junqua, ancien Directeur du Centre de formation et de perfectionnement des journalistes (CFPJ) de la rue du Louvre à Paris, « l’actualité à travers le prisme de la recherche de la vérité et du questionnement ». On ne peut changer le journalisme pour faire plaisir à certains. C’est une évidence: les médias ne s’intéressent qu’aux trains qui n’arrivent pas à l’heure. On ne peut faire autrement.
Un esprit sain et démocrate ne peut empêcher les journalistes d’évoquer les événements comme ils l’entendent. Ils ont les moyens de réagir et de se plaindre s’ils le veulent. Ou peuvent toujours zapper. A quoi sert une télécommande?