L’épisode montrerait du reste une certaine tension dans les rangs de l’exécutif. Et la question qui brûle les lèvres : le ministre des Affaires étrangères a-t-il été sciemment non invité à participer à l’audience du 28 octobre 2019 avec Heiko Maas?
Ainsi, Abdelkarim Zbidi et Khémaies Jhinaoui ont-ils été démis de leur fonction ou avaient-ils démissionné bien avant? Le doute accompagne la fin de mission de ces deux hommes d’Etat. En fait, une polémique surgit dans l’espace politique. Et ce, moins d’une semaine après la prise de fonction de Kaïs Saïed.
Car, c’est une polémique sur laquelle il faudra précisément s’arrêter. Pour se demander si cela est bon pour l’image de l’exécutif tunisien; avec ses deux têtes ou branches: le Palais de Carthage et celui de la Kasbah. Acteurs principaux évidement, du moins au niveau de la communication autour des deux événements, de cette fin de mission.
Cependant, la question mérite d’autant plus qu’on la pose que tout le monde ressent une certaine tension dans les faits et gestes des uns et des autres. Mardi 29 octobre 2019, les propos tenus par Abdelkrim Zbidi, dans une interview donnée à AlHiwar Ettounsi, montraient que les choses n’allaient pas pour le mieux dans les allées du pouvoir.
Et l’élection de Kaïs Saïed n’a pas apaisé le climat, fait de querelles, que tout le monde connaît et a vécu depuis l’avènement de la révolution. Des querelles et des rancœurs.
« Usages diplomatiques »
Dans sa lettre de démission, le ministre des Affaires étrangères, Khémaies Jhinaoui, lançait une phrase, dans laquelle ce vieux routier de la diplomatie pour lequel chaque mot compte, mais dont le métier consiste aussi à arrondir les angles, apporte un éclairage sur le mécontentement évident quant à sa relation avec l’exécutif. Il parle de « l’impossibilité de continuer ses fonctions comme le veut les usages diplomatiques ».
Quoi qu’il en soit, beaucoup n’ont pas du tout compris, la veille de la démission de Khémaies Jhinaoui, l’absence du ministre des Affaires étrangères lors de l’audience accordée par le Chef de l’Etat au ministre des Affaires étrangères allemand, Heiko Maas.
Outre les aspects sans doute protocolaires liés à la question, on ne peut imaginer cette absence, vu un thème dominant de l’entretien. A savoir, la question libyenne. Une question que Khémaïes Jhinaoui suit depuis bien des années. Et la question qui brûle les lèvres: le ministre des Affaires étrangères a-t-il été sciemment non invité à participer à l’audience? Le fait que le chef de cabinet présidentiel, Abderraouf Bettaïeb, soit un ancien diplomate a suscité des interrogations!
A cet égard, on est en droit de poser cette question : en quoi sont impliqués de plus que Khémaies Jhinaoui les deux dirigeants qui ont assisté à l’entretien, côté tunisien, le directeur du cabinet présidentiel et l’ambassadeur de Tunisie à Téhéran, Tarek Bettaïeb, dans les dossiers évoqués? L’ambassadeur de Tunisie à Téhéran serait-il du reste le futur conseiller diplomatique du chef de l’Etat?
Enfin, on peut se demander aussi pourquoi le chef de l’Etat tarde à nommer son staff. Dans les démocraties, ce dernier est même bien visible avec la campagne électorale.