A la suite des élections et en attendant la formation du nouveau gouvernement, la Tunisie vit une conjoncture de manœuvres.
Alors que le nouveau président forme son équipe, le chef du gouvernement sortant transgresse sa gestion des affaires courantes, faisant valoir la nécessité d’assurer la continuité du pouvoir.
La démission – destitution des ministres des Affaires étrangères et de la Défense nationale s’inscrit dans la politique d’exclusion du chef du gouvernement sortant, soucieux de punir « l’infidélité » des membres du gouvernement proches es-qualité et en application de la Constitution, de l’ancien président de la République.
« Un règlement de comptes », se sont hasardés à dire certains ? La querelle Bardo/Kasbah, durant la présidence de Béji Caid Essebsi semble réactualisée. Ces ministères relevaient certes de la présidence. Mais la nomination d’intérimaires affaiblirait ces ministères de souveraineté. Ce qui nécessairement implique de fait leur prise en charge par les conseillers du président.
Est-ce que le choix de l’équipe du président annonçait un éventuel changement de la politique étrangère tunisienne ? Un rapprochement avec la Turquie et le Qatar inscrirait le pays dans un choix de pôles géopolitiques. La réception par le Président d’un dirigeant libyen islamiste – influence d’ Ennahdha ? – met à l’épreuve la neutralité tunisienne. Mais il ne s’agit que d’un acte diplomatique conjoncturel, sans effet dans les moyens et les courts termes.
Fait d’évidence, alors que les voix des personnes, qui avaient entre 10 et 17 ans au moment de la révolution, ont joué un grand rôle, dans l’élection du nouveau président – ils ont fait la différence – l’équipe du président appartient au 3ème âge. Ce choix de personnalités expérimentées ne dément pas une éventuelle politique en faveur de la jeunesse, dans le cadre d’une « révolution culturelle ».
Des surenchères !
Les négociations entre les partis, dans le cadre de la formation du nouveau gouvernement, font valoir des positions tranchées et opposées entre les acteurs politiques.
Ennahdha annonce qu’elle assurera la direction du gouvernement, par un de ses membres et publie son nouveau programme (conférence de presse du 1er novembre).
Les partis qu’elle consulte exigent un chef de gouvernement indépendant et un accord sur le programme. Mais il s’agirait plutôt de surenchères de part et d’autre. La nouvelle donne rapprocherait les points de vue, pour former le nouveau gouvernement, sous direction non partisane.
Fait important, la nécessaire consultation du président, qui propose un gouvernement de compétences. Cette vision semble partagée par l’opinion publique. Il exige, d’autre part, un gouvernement dont les membres et les conseillers sont réduits, suivant l’exemple de l’équipe présidentielle.