Quand l’économie va mal, le leasing va très mal. La Tunisie est l’un des rares pays où cette activité est assurée par des entités indépendantes et cotées en Bourse.
Ce service est généralement offert par les banques. Et c’est logique puisque c’est un métier très gourmand en matière de fonds propres. L’activité leasing est régie par les mêmes règles prudentielles.
Dégradation des marges
Auparavant, lorsque le marché financier offrait un excédent de liquidité durant les années pré-2011, les loueurs étaient sur un nuage. En effet, l’environnement de taux était favorable pour lever des fonds sur le marché obligataire et financer. Et ce, à des taux qui permettaient de réaliser une marge confortable. Le service du crédit-bail était toujours plus cher que les crédits bancaires. Mais il présentait l’avantage de la rapidité de l’exécution des demandes.
Huit ans après, le secteur agonise. On lève difficilement les fonds à prix élevé. Alors que le taux auquel on emprunte est fixe et est plafonné par une limite réglementaire. Si nous prenons la dernière sortie de l’ATL sur le marché, elle est assortie d’un taux de 11,60%. Alors que le taux excessif pour la deuxième moitié de 2019 a été fixé à 14,54%. Il y a donc une marge inférieure à 300 points de base, rendant toute nouvelle affaire quasi-perdante.
Cela est reflété dans un volume d’affaires réduit. Les mises en force sont en chute de 31,1% depuis le début de l’année à 1,069 milliard de dinars jusqu’à fin septembre 2019.
De plus, la sélection des dossiers est plus stricte. Comme l’atteste des approbations en recul de 28,2% à 1,335 milliard de dinars (2,128 milliards de dinars en septembre 2017).
La BERD sauve la mise
Dans ce marasme, quelques bonnes tendances ont été récemment détectées. La baisse de la production du secteur décélère. Avec des mises en force en déclin de 7,7% seulement sur le troisième trimestre à 380,574 millions de dinars. Il s’agit du meilleur quart de l’année depuis juin 2018. Cette amélioration pourrait continuer au cours du dernier trimestre. Les approbations progressent de 7,1% à 396,333 millions de dinars, une première depuis mars 2018.
Quelle est l’origine de ces signes positifs, alors que la croissance économique reste atone?
Nous pensons que cela a été réalisé grâce aux lignes de financement que la plupart des compagnies obtenaient auprès de la BERD au cours des derniers mois. En effet, ces lignes ont un coût raisonnable par rapport à la dette obligataire. Ce qui confère une marge raisonnable aux loueurs. La baisse du risque de change encourageait également les compagnies à solliciter ces ressources bien qu’il reste toujours important.
Vers des bilans moins explosifs
Par ailleurs, l’endettement total du secteur recule significativement. Avec la baisse de l’activité, les compagnies préfèrent donner la priorité au respect de leurs engagements auprès des bailleurs de fonds. Les ressources d’emprunts diminuent de 9,2% depuis le début de l’année à 3,156 milliards de dinars. Ainsi, en valeur absolue, le secteur allège son endettement de 283,391 millions de dinars, permettant d’améliorer sa solidité financière. En parallèle, les fonds propres progressent de 12% à 545,222 millions de dinars.
En outre, pour préserver leur profitabilité, les loueurs s’attaquaient au chapitre de la maîtrise des charges opérationnelles. Pour la première fois, le troisième trimestre enregistre un recul de 0,9% de ces charges à 18,277 millions de dinars. Bien qu’elle soit faible, cette baisse montre que des efforts sont mis en œuvre pour arrêter cette hémorragie de coûts.
Par conséquent, la recette pour faire redémarrer le leasing, secteur clé à la PME tunisienne, réside dans la disponibilité de refinancements. Actuellement, le marché n’acceptera pas de faire baisser les taux.
Au final, c’est donc aux autorités de travailler avec les banques internationales et les pays amis pour obtenir des ressources à faible coût. Ressources à dédier au financement des entreprises via les compagnies de leasing.