Entre les chiffres officiels disponibles sur le site de la commune de Jelma et la réalité sur le terrain existe un grand Gap.
Le site officiel de la commune de Jelma présente la ville aux visiteurs comme une ville où les habitants vivent dignement. Un taux d’illumination à la maison de 91%, 90% de la population ont accès à l’eau potable et 40% des routes sont revêtues. Cependant, les cris des jeunes qui revendiquent l’emploi contrastent avec les discours officiels et les chiffres têtus.
D’ailleurs, si le nom de cette ville relevant du Gouvernorat de Sidi Bouzid refait surface de nouveau, c’est à cause de l’auto-immolation du jeune Abdelwaheb Jilani, le 29 novembre. Âgé de 25 ans, ce jeune, souffrant d’un handicap, n’ayant pas reçu son salaire depuis plus d’une année. Et ce dans le cadre du mécanisme 16, s’est aspergé d’essence en mettant fin à sa vie.
En effet, le jeune a tenté auparavant de se suicider. Mais sa tentative a été soldée par un échec, suite à l’intervention de ses amis. Le travail dans le cadre du mécanisme 16 est un travail précaire. Le travailleur ne reçoit qu’un salaire dérisoire. S’il endure la précarité de sa situation professionnelle, c’est dans l’espoir de devenir titulaire.
A peine les habitants de la ville ont-ils enterré le jeune Abdelwahed Jilani. Que les affrontements entre les jeunes et les forces de l’ordre se sont déclenchés violemment.
Des témoins oculaires affirment que la ville s’est couverte d’une nappe épaisse du gaz lacrymogène de bout en bout. Au lieu de répondre aux attentes des jeunes en mettant en place des dispositifs de développement régional, l’autorité préfère les interventions policières musclées affirme le membre de la Coalition Nationale des Mouvements Sociaux Abdelhamid Hamdi à leconomistemaghrebin.com. Pour lui, la situation à Jelma ne déroge pas à la situation générale au Gouvernorat de Sidi Bouzid.
Si cette ville ne manque pas de ressources hydriques, l’accès à l’eau potable demeure un problème épineux. De plus, il n’est pas facile d’obtenir les autorisations pour le forage de sondage à Jelma avance-t-il. D’ailleurs, l’accès à l’eau et le forage des sondages a provoqué de grands affrontements entre les habitants et les forces de l’ordre en 2018.
L’infrastructure fait, également défaut. En décembre 2016, un terrible accident de la circulation a dévoilé la faiblesse de l’infrastructure de santé. Un bachelier est mort dans un accident de la circulation. Vu le manque de moyens, le père s’est trouvé dans l’obligation de le transporter à l’Hôpital Régional de Sidi Bouzid dans un camion. Faute de manque de moyen, le bachelier a rendu l’âme. Un drame qui a révélé l’état catastrophique de la route et le manque de moyens de l’hôpital.
L’inexistence d’un hôpital régional à Jelma prive les habitants de leur droit de constitution d’accès à la santé. D’ailleurs, la distance entre Jelma et Sidi Bouzid est de 33 kilomètres. Autrement dit, en cas d’urgence, le transport d’un malade de Jelma à l’Hôpital Régional de Sidi Bouzid nécessite 36 minutes. Autrement dit, rien ne garantit ce qui se passerait pendant le voyage au patient…
La famille du jeune nécessite un soutien psychologique. Affirme notre interlocuteur. Et de rappeler que le jeune qui s’est suicidé était leur fils unique et leur unique soutien matériel. Tous les indices affirment que les zones défavorisées sont au bord du précipice. Et que la tension sociale pourrait exploser notamment que le mois de janvier qui cristallise tous les mouvements sociaux s’approche à grands pas, selon les derniers chiffres du Forum Tunisien des Droits Economiques et Sociaux.