La loi de finances 2020, préparée par le gouvernement sortant et présentée au nouveau parlement, s’inscrit dans la gouvernance « du laisser faire », des ministères précédents. Ils ont précipité et aggravé la crise économique et ses effets sociaux.
Car cette loi de finances 2020 met le parlement devant le fait accompli. En occultant les attentes populaires, affirmées, lors des élections. Va-t-elle faire échec au nouveau gouvernement, à moins qu’il ne s’empresse, dés sa formation, de la réviser?
En effet, fait sans précédent, la discussion du budget a eu lieu, en l’absence du chef du parlement, du chef du gouvernement et des différents ministres; à l’exception du ministre des Finances. D’ailleurs, il fut contraint de répondre sur les différentes défections, dans l’ensemble des secteurs du gouvernement.
En marge des négociations de la loi financière, Ennahdha a présenté la proposition d’instituer la Zakkat. S’agit-il « d’une étape vers l’institution du califat, selon l’éthique de l’islam politique », comme l’affirment des observateurs?
Les opposants, en particulier le Néo-Destour, ont rappelé que la Zakkat est un devoir religieux, dont l’acquittement est personnel. C’est l’aumône légale, impôt que l’on doit payer sur ses biens suivant un taux déterminé.
Son institution, comme rubrique financière du budget, contredit le statut d’Etat civil, défini par la constitution. Il institue une discrimination religieuse et un budget parallèle. Puisqu’il se propose de financer tous les secteurs défaillants, relevant du gouvernement.
Il concurrencerait, de fait, les services sociaux. Sa gestion par une structure fourre-tout, réduit les prérogatives gouvernementales. L’amendement relatif à la création d’un fond de Zakat et de dons, a été rejeté lors de la discussion du budget, mardi 10 décembre 2019 (74 pour, 93 contre et 17 abstentions).
La Tunisie est certes dans le brouillard, vu les difficultés de former le gouvernement. Mais elle affirme son attachement aux acquis et à son statut d’Etat civil.