Le début du nouvel an était très difficile pour la Place de Tunis.
Par rapport à la même date en 2019, qui est loin d’être une année de référence, le volume a baissé de 33% à 28,931 millions de dinars. Le Tunindex a déjà perdu 2,87%. Il s’agit du plus mauvais départ pour la Bourse depuis janvier 2011.
Des problèmes structurels
Le plus inquiétant est que les raisons sous-jacentes à cette tendance semblent devenir structurelles. Il y a d’abord l’indisponibilité de nouveau cash injecté dans le marché.
Historiquement, cette période d’année coïncide avec la création des nouveaux Comptes d’Epargne en Actions (CEA).
Néanmoins, depuis que l’ouverture d’un CEA affecté à une année N peut se faire jusqu’au mois d’avril de l’année N+1, l’entrée de ce cash se fait progressivement. Les investisseurs individuels optimisent leurs placements en tenant compte du solde fiscal de l’année.
Cela sans oublier que la formule d’un CEA financé par crédit bancaire ne semble plus être attractive pour les banques. Celles-ci ont actuellement d’autres priorités.
Les ressources disponibles ont été orientées vers le marché de la dette corporate. Les dernières semaines ont enregistré la clôture des souscriptions dans l’emprunt de la BTE (33,850 millions de dinars), la BIAT (45 millions de dinars), Advans (10 millions de dinars) et la BNA (50 millions de dinars).
Cela se fait également dans un contexte difficile pour les fonds obligataires qui ont perdu près de 254 millions de dinars en 2019.
En fin de compte, la Bourse finance aussi de la dette mais cela se fait malheureusement au détriment de l’equity. Le comportement du marché vis-à-vis de la recapitalisation de Carthage Cement est à suivre de près, car il va nous donner une idée sur les opérations d’augmentation de capital qui vont se dérouler en 2020.
Le niveau actuel des taux d’intérêt favorise plutôt les placements en produits monétaires. Pourquoi aller chercher un rendement risqué ou investir dans des OPCVM qui offrent, en moyenne, un yiled à un seul chiffre alors qu’un placement à TMM +3% est possible? C’est l’autre facette de la hausse des taux qui asphyxie l’investissement.
Rien ne changerait à court terme
A court terme, nous ne prévoyons pas de changements de rythme. La saison des publications trimestrielles est déjà lancée. Il ne faut pas s’attendre au réveil du marché. La sur-réaction n’est observée que dans le cas des mauvaises nouvelles. Les bonnes réalisations passent désormais inaperçues.
D’ailleurs, l’un des problèmes est le contenu de ces chiffres qui reste très axé sur les revenus. Alors que le marché pense résultat et dividende en cette période. Dans un contexte inflationniste, il est normal de voir les chiffres d’affaires grimper.
Toutefois, les résultats seront largement effacés par les charges financières. Et lorsque nous évoquons ce terme, il ne faut pas penser uniquement aux intérêts payés. Il convient de penser les pertes de change qui seraient record. La reprise du dinar ne signifie pas nécessairement des gains en matière comptable.
C’est pourquoi nous ne prévoyons pas de gros mouvements dans les mois à venir. Les investisseurs ont déjà fait leurs calculs depuis 2019.
Pour rappel, plus de trente sociétés cotés à la bourse n’ont pas payé de dividendes à titre de l’exercice 2018 et il serait peu probable qu’elles le fassent cette année. Ces titres seraient, de nouveau, sanctionnés par le marché sauf pour quelques exceptions. Le volume serait de plus en plus concentré dans une minorité d’actions, ce qui n’est pas du tout bon pour le marché à terme.
Il faut un miracle pour que le marché change de physionomie. Peut-être une prochaine baisse des taux donnerait le coup d’envoi de cette remontada.