La Turquie a accepté de « réviser » l’ALE avec le Royaume du Maroc.
Il faut dire que Moulay Hafid Alalamy, ministre marocain de l’Industrie et du Commerce, avait dit clairement qu’il allait « déchirer » l’ALE entre le Maroc et la Turquie si rien n’était fait pour équilibrer les échanges entre les deux pays. Un chantier qui ne peut que servir sans doute d’exemple à tout autre pays qui connaît un déséquilibre béant avec la Turquie. Ou avec tout autre pays.
La Turquie a-t-elle plié face à la détermination du Royaume chérifien de réviser l’Accord de Libre Echange (ALE), conclue entre les deux pays en 2006. Tout porte à le croire. Les deux pays ont décidé, le 15 janvier 2020, de revoir les termes de cet accord.
Il y avait du reste de quoi, le 14 janvier 2020, Moulay Hafid Alalamy, ministre marocain de l’Industrie et du commerce (troisième à partir de la gauche dans notre photo à côté, de la ministre turque, à sa droite) avait dit clairement qu’il allait « déchirer » l’ALE avec la Turquie si rien n’était fait pour que les échanges entre les deux pays n’étaient pas équilibrés. Ajoutant que cet accord fait perdre au Maroc environ deux milliards de dollars par an (environ un peu moins de six milliards de dinars).
« Finaliser la révision de l’ALE entre les deux pays »
Annonçant devant la Chambre des représentants (une des deux chambres du Parlement marocain qui compte 395 députés, élus au suffrage universel direct) également que son pays n’avait pas de « problème avec aucun pays », mais qu’en même temps, le Royaume alaouite ne pouvait accepter que « des emplois soient supprimés » au Maroc.
Des propos qui ont provoqué le lendemain la visite de la ministre turque du Commerce, Rushar Peckan. Elle a reconnu le bien-fondé des propos de Moulay Hafid Alalamy : les deux ministres ont convenu de se rencontrer dans quinze jours afin de « finaliser la révision de l’ALE entre les deux pays ».
« Nous avons convenu de nous réunir dans les plus brefs délais pour identifier les moyens de réajuster la situation actuelle et faire en sorte que cet accord soit bénéfique aux deux parties », a dit le ministre marocain, sans détailler les grandes lignes du futur réajustement.
Mais des indiscrétions font état notamment de l’accord de la Turquie de « développer ses investissements au Maroc » et développer davantage le « flux des marchandises marocaines en Turquie ».
Réviser tous les ALE « qui ne profitent pas à l’économie marocaine »
Des informations publiées à l’occasion de la réunion entre les deux parties soutiennent que « les importations marocaines depuis la Turquie ont atteint 21,5 milliards de dirhams en 2018 (un peu plus de 6 milliards de dinars), contre 5,54 milliards de dirhams (un peu plus de 1,5 milliard de dinars) pour les exportations marocaines, creusant le déficit commercial marocain à 16 milliards de dirhams (environ un peu plus de 4,5 milliards de dinars) ».
En cause notamment le secteur textile turc qui « inonde le marché marocain ». Le Maroc a par deux fois pris ces dernières années des mesures pour limiter ce que des professionnels du secteur textile marocains (l’Association Marocaine des industries du textile et de l’habillement) ont quelquefois appelé « une hémorragie ».
En 2018, le gouvernement marocain avait décrété la réinstauration des droits d’importation sur les produits textiles en provenance de la Turquie et a imposé un droit de 27 % sur les importations textiles turques depuis le 1er janvier 2020.
Le Maroc a cependant décidé de passer avec la Turquie la vitesse supérieure en décidant de réviser les termes de l’ALE. Il compte le faire du reste si l’on en croit Moulay Hafid Alalamy pour tous les ALE au nombre de 56 « qui ne profitent pas à l’économie marocaine ».
Un chantier qui ne peut que servir sans doute d’exemple à tout autre pays qui connaît un déséquilibre béant avec la Turquie. Ou tout autre pays.