Le Chef de gouvernement désigné par le Président de la République, Elyes Fakhfakh, doit faire face à deux postulats inconciliables :
- Une entente avec le Président de la République, qui l’a désigné par son libre choix, « arbitrairement » diraient certains Constitutionnellement, il ne s’agirait pas de former « le gouvernement du président ». Mais Elyes Fakhfakh devrait tenir compte de ses recommandations. Le qu’en dira-t-on affirme que le président ne souhaite pas voir Qalb Tounes, dans la formation gouvernementale.
- Ennahdha souhaiterait la formation d’un gouvernement d’unité nationale, intégrant nécessairement Qalb Tounes. Ce parti a permis à Rached Ghannouchi d’accéder à la présidence du Parlement. La volonté de ménager le parti de Nabil Karoui permet au parti islamiste de ne pas être l’otage des partis Tayar et Chaâb. Ces deux partis s’érigent en concurrents importants. Le premier parti fait d’ailleurs valoir la légitimité parlementaire du prochain gouvernement.
Ces deux postulats attesteraient-ils une situation conflictuelle entre le Président Kaïs Saïed et le parti Ennahdha ?
Tahya Tounes soutient cette tactique de freinage. Elle permet à son président de prolonger la gestion gouvernementale. Elle permet, peut être aussi, de l’ériger en futur chef de gouvernement, en dépit des protagonistes qui rappellent les échecs de sa gestion.
Conséquence de cette situation : le programme du futur gouvernement – plutôt une affirmation de bonnes intentions et non une véritable feuille de route – ne fut pas signé par les dix partis, censés constituer l’alliance gouvernementale. Le chef du gouvernement désigné doit présenter des amendements. Mais il ne peut obtenir la satisfaction de ses alliés éventuels.
Les observateurs signalent d’ailleurs que le chef du gouvernement désigné et sa base parlementaire pèchent par l’occultation de tout projet de société et de tout modèle de développement. Le souci de partage des mandats ministériels constitueraient leur principale priorité.
Fait grave : la situation perdure la stratégie du « laissez-faire », du gouvernement de gestion des affaires et de son idéologie libérale, qui occulte les exigences sociales. La dissolution du parlement et le recours à de nouvelles élections reporteraient le traitement des urgences. Ces deux hypothèses maintiendraient la crise du vécu et l’élaboration d’un projet de développement. Peut-on admettre cette perte de temps ?