Le magazine Le Manager et l’agence MAAP invitaient, le 6 février 2020, Yacine Fal, Directrice-adjointe de la Banque africaine de développement (BAD). Et ce, dans le cadre d’un cycle des conférences mensuelles. Ce focus sur le continent africain vise au rapprochement de l’Afrique du Nord et de l’Afrique subsaharienne.
Ainsi, l’afterwork « Africa Means Business » avec Yacine Fal était l’occasion de mettre l’accent sur le rapport 2020 de la BAD. Il s’intitule: « Perspectives économiques en Afrique 2020 ».
Lors de sa conférence, Yacine Fal a évoqué les moteurs de croissance en Afrique. Mais aussi les facteurs de stabilité, l’importance de la formation de la main d’œuvre africaine de demain, l’éducation. De même que l’inclusion économiques des femmes et des jeunes et la relation entre la Tunisie et la BAD.
Tunisie : les femmes et les jeunes d’abord!
En effet, interpellée sur la relation de la BAD avec la Tunisie, Yacine Fal affirme que la Tunisie est un pays important pour la BAD. « Aujourd’hui, la Tunisie a beaucoup à offrir aux pays africains. Les opérations de la banque avec la Tunisie datent de plus de 50 ans. Elles ont touché plusieurs secteurs comme l’infrastructure, l’agriculture, la justice, l’échange de données économiques, la digitalisation. Un tiers du réseau routier tunisien est financé par la BAD », rappelle-t-elle.
Cependant, s’agissant des freins de la croissance en Tunisie, Yacine Fal ne manque pas de souligner l’impact sur la croissance des effets contra-cycliques sur l’agriculture et de la pêche et la baisse des investissements dans le secteur pétrolier et des hydrocarbures. Ces facteurs sont à l’origine d’un déficit courant et de la lenteur de l’équilibre budgétaire.
De plus, « le caractère inclusif sur le plan géographique, marqué par des différences régionales, préoccupe la BAD. Il faut toucher les jeunes et les femmes, notamment rurales. C’est une priorité transversale pour la BAD pour permettre une croissance inclusive. Et ce, à travers l’accès au financement et le renforcement des capacités », ajoute Yacine Fal.
Dans ce même contexte, Yacine Fal a rappelé les efforts de la banque en matière de formation et l’encouragement des politiques publiques. En effet, cela passe par: la présence des femmes dans les conseils d’administration des entreprises cotées; la couverture des risques; et les facilités d’accès aux lignes des crédits pour les entreprises dirigées par des femmes.
Afrique : une croissance rapide
Par ailleurs, revenant sur le rapport 2020 de la BAD, Yacine Fal souligne que, dans une première partie, ce document évoque les tendances prévues pour 2020. Une deuxième partie du rapport se consacre aux notes établies par des économistes pour chaque pays de la BAD. « La BAD est fière de lancer ce rapport parce qu’il s’intéresse à l’intégration régionale; et aux personnes exposées à la situation décrite par ce même rapport », s’est félicitée Yacine Fal.
En effet, le rapport évoque plusieurs volets, tels que:
- Financer des projets de développement. Et l’accompagnement de la transformation économique de la région. A travers des aspects visant à réaliser les objectifs du développement durable.
- Éclairer la voie pour les opérateurs économiques.
- Nourrir, industrialiser et intégrer l’Afrique.
- Améliorer les conditions de vie des personnes.
En 2020, supérieure à la moyenne mondiale, la croissance globale du continent africain, la plus rapide au monde, s’est maintenue à 3,6%. Ce taux devrait atteindre les 3,9% en 2020 et 4,1% en 2021. En 2019, le Rwanda, l’Ethiopie, la Cote d’Ivoire, le Bénin et la Tanzanie ont réalisé les taux de croissance les plus élevés en Afrique. Ces pays ont réussi à transformer leur économie et à se doter d’objectifs clairs pour la relance économique.
Pour sa part, la région de l’Afrique du Nord a contribué à la croissance du continent notamment par le biais de l’Egypte qui a réalisé un PIB important. Toutefois, il y a eu, de manière globale, des fluctuations dues aux coûts des hydrocarbures et aux chocs externes liés aux aspects sécuritaires et de la demande extérieure.
« On envisage une relance de la croissance de certains secteurs comme l’agriculture et le tourisme. Le continent africain restera le pôle de croissance mondial », estime Yacine Fal.
Moteurs de la croissance
Pour l’Afrique, les défis et les moteurs de la croissance sont, selon Yacine Fal, la formation de la main d’œuvre de demain (notamment les jeunes et les femmes), la transformation digitale, l’éducation et l’encouragement des échanges intercontinentaux. « Aujourd’hui, l’Afrique bénéficie de sa démographie. Il y a des opportunités d’investissement dans le continent », affirme Yacine Fal.
Parmi les défis auxquels fait face le continent, Yacine Fal a cité la transformation digitale, à travers les services numériques et l’industrie 4.0. En effet, cela nécessite la formation des talents qui répondent aux défis de la transformation numérique pour réaliser les opportunités qui se présentent. Dans ce contexte, Yacine Fal a insisté sur l’importance de permettre la jeunesse africaine de disposer des compétences nécessaires et de sortir de schémas classiques.
Interrogée sur la coopération Sud-Sud, Yacine Fal considère que les échanges intercontinentaux devraient être une priorité à travers l’établissement des liens d’investissement et de partenariat, l’identification des moyens d’échanges et des domaines des services cherchés par les opérateurs et la mise au courant de ce qui se passe dans le monde en matière d’innovation, comme le mobile banking.
Au final, Yacine Fal a rappelé que l’Africain Investment Forum présente d’importante opportunité d’investissement. Notons que la dernière édition de ce forum a enregistré des transactions, en état d’avancement, d’environ 40 milliards de dollars.