Depuis la décolonisation de la ville de Laâyoune et sa région en 1975, elles sont méconnaissables. En effet, elles comportent: des voies routières; le rattachement au réseau national de transport terrestre; un aéroport international; de nouvelles habitations. Mais aussi: un réseau d’écoles et de lycées; des stades de quartier; une salle couverte omnisports; un hôpital et des dispensaires; des clubs de loisirs; une bibliothèque publique; un centre de dessalement de l’eau de mer; et de traitement des déchets…
En effet, Laâyoune est un véritable chantier à ciel ouvert. Une Académie de pratique sportive y est même établie. Et ce, en coopération avec le club lombard de l’AC Milan.
On a beau retourner la question dans tous les sens et la regarder sous tous les angles, la vérité apparaît toujours au grand jour. Ainsi, il n’y a pas d’autre issue qu’une large autonomie proposée par Sa Majesté le Roi Mohamed VI dans le cadre de la souveraineté marocaine.
Laâyoune se sent profondément marocaine
D’ailleurs, Moulay Hamdi Ould Errachid, député maire de la région Laâyoune Sakia El Hamra, est d’une grande clarté sur la question du Sahara. « Allez demander l’avis de la population. Tous vous diront qu’ils se sentent profondément Marocains ».
Et ce militant du parti de l’Istiqlal (l’indépendance), fondé pour obtenir l’Indépendance du Maroc du Protectorat français, dans les années trente, d’ajouter qu’il a vu de ses yeux « des gens pleurer dans les rues de Laâyoune, lorsqu’en 1971 et 1972, des coups d’Etat étaient organisés contre Feu le Roi Hassan II ».
De plus, ce responsable issu de la tribu la plus importante du Sahara, celle des Reguibat, ajoute une précision importante. A savoir que « rien ne peut être dit après que la Cour Internationale de Justice a confirmé, dans un avis consultatif, en 1975, l’existence de liens historiques entre la population du Sahara et le Maroc ».
L’Armée de Libération Nationale du Maroc (ALN), créée en 1955, visait, assure-t-il, à libérer le Maroc de l’occupation française et espagnole. « Tout le monde savait que l’ALN était largement active dans les Provinces du sud marocain », conclut-il.
« Les habitants des régions du Sud administrent eux-mêmes leurs affaires »
En outre, le Président de la commune de Laâyoune (1168 Km au sud de Rabat), Moulay Hamdi Ould Errachid est élu à la tête d’une commune qui connait, depuis 1975, et d’une manière régulière, des élections. Le Conseil municipal compte quarante-sept membres appartenant en majorité au parti de l’Istiqlal (vingt-neuf élus).
De même, l’élection est le modèle adopté dans la gestion de toutes les régions du sud marocain (Guelmim Oued-Noun, Laâyoune Sakia-Hamra et Dakhla-Oued Eddahab). Un Conseil de régions administre chacune, dont tous les membres sont élus. Les prochaines élections régionales sont prévues pour 2021.
Une décentralisation réussie
Et le gouverneur de Laâyoune, Abdessalem Bekrate, de faire remarquer, à ce juste propos, que le gouvernorat n’est là que pour impulser l’effort de développement. Les habitants des régions gérant eux-mêmes leur quotidien.
La quarantaine dynamique, Mohamed Razama, promoteur dans le secteur de la pêche et de l’industrie qui en découle (farine, huile de poisson et congélation de poisson) et membre de la Chambre marocaine des Conseillers dont il assure la présidence de la Commission des Affaires étrangères, des frontières et de la défense, précise que « les habitants des régions du Sud administrent eux-mêmes leurs affaires ».
Et le patron de la Sogsaco d’affirmer que les régions du Sud ne ressemblaient à rien avant l’indépendance, en 1975. « Ni eau, ni électricité, ni habitations, ni encore réseaux d’assainissement, ni routes, ni dispensaires,… », témoigne-t-il. Les habitants lorsqu’ils étaient bien traités logeaient dans de minuscules maisons de 55 m² en préfabriqués. « Les occupants espagnols exploitaient les richesses des régions, notamment le poisson », ajoute-t-il.
Une visite de la ville de Laâyoune permet de faire le constat des efforts déployés depuis l’indépendance. En effet: voies routières; rattachement au réseau national de transport terrestre; aéroport international; nouvelles habitations; réseau d’écoles et de lycées; stades de quartiers; salle couverte omnisports; hôpital et dispensaires; clubs de loisirs; bibliothèque publique; centre de dessalement de l’eau de mer; traitement des déchets… Laâyoune est un véritable chantier à ciel ouvert.
Un peu plus de 22,5 milliards de dinars
Pourtant cela ne fut pas facile, la ville souffrant de conditions climatiques difficiles: quasi absence d’une eau potable (l’eau est pour l’essentiel salée); avancée des sables; vents désertiques chargés de sable.
« Plus de 77 milliards de dirhams (un peu plus que 22,5 milliards de dinars) furent investis pour le développement des provinces du Sud. C’est ce que nous indique le gouverneur Abdessalem Barkate. Et de souligner que la région de Laâyoune va avoir sa faculté de Médecine.
Sur la route, nommée route de Foum Al Oued (l’embouchure de la rivière) et qui mène de Laâyoune au site de Phosboucraa, situé à environ vingt-cinq kilomètres sur la route de Dakhla, et à proximité de la ville d’El Marsa, les dunes de sable sont partout présentes. Comme l’entreprise de dessalement de l’eau de mer bien visible.
Des indications précisent que « Phosboucraa a été créée en 1962 par la société d’État espagnole INI (Instituto Nacional del Industria). Et l’exploitation minière à Boucraa commençait en 1972. Le Groupe Office Chérifien des Phosphates est devenu l’unique propriétaire en 2002. Son activité consiste en « l’extraction, la transformation et la commercialisation de phosphate naturel ». Phosboucraa représente environ « 4,6% du chiffre d’affaires total du groupe OCP (Office Chérifien des Phosphates) et, 8,2% de sa capacité d’extraction en 2016 ».
Un projet d’aménagement d’envergure
De ce fait, 75% des employés de l’entreprise viennent de la région. Le site est en chantier. Pratiquement, un nouveau site est en préparation. Avec: un nouveau terminal pour accueillir les bateaux; une nouvelle laverie; une station à l’énergie éolienne pour fournir de l’électricité (environ 95%); une usine d’engrais et d’acide phosphorique… Quelque vingt milliards de dirhams marocains (près de six milliards de dinars) sont injectés par Phosboucraa.
A cet égard, Abderahmane Lyamani nous présente les actions de la Fondation de Phosboucraa, créée il y a cinq ans, en vue de réussir une action RSE (Responsabilité Sociale des Entreprises). Avec la mise en place d’un projet d’aménagement d’envergure qui entend agir à divers niveaux: enseignement secondaire et universitaire, immobilier, centre de recherche…
D’ailleurs, situé à proximité du site, le Centre de recherche est fin prêt. Le bâtiment est là et le matériel déjà livré dans son emballage. Avec l’intention, notamment, de favoriser l’étude et l’analyse des plantes qui peuvent faire bon ménage avec l’eau salée. Vital dans une région où l’eau peut contenir jusqu’à 12 grammes de sel et où les précipitations n’excèdent pas 100 millimètres par an.
Enfin, la fondation Phosboucraa n’a pas attendu ce centre. Puisqu’elle s’essaye déjà à l’exercice de planter. Notamment des fourrages qui ont pour nom Quinoa, Blue panicuim et Sesbania. Et ce, en collaboration avec des fermiers et un centre de recherche installé au niveau local.
De notre envoyé spécial, Mohamed Gontara