Attraction touristique grâce au kitsurfing et à la planche à voile, la région de Dakhla-Oued Eddahab se prépare à de grandes conquêtes. Et ce, pour devenir une grande métropole économique.
En effet, Dakhla-Oued Eddahab ne manque du reste pas d’attraits. Avec le tourisme, l’agriculture, le BTP, la pêche, la communication, le transport, Dakhla est en plein essor. Et elle est « réellement rentrée dans la compétition économique ».
Deux camping-cars stationnent au bord de l’eau. Il est midi et le thermomètre affiche 24 degrés en ce mois de février 2020. Nous sommes à Dakhla devenue un des centres mondiaux de la pratique du kitsurfing et de la planche à voile. Deux attractions dans cette ville balnéaire du Sud marocain qui se présente comme un bras dans l’Océan Atlantique.
Marcel est là, installé dans une modeste chaise longue devant l’un des deux camping-cars en train de bronzer. « Vous n’avez rien vu », raconte ce touriste français. Il vient régulièrement à Dakhla. « Pendant une grande partie de l’été et même au-delà, il n’y a pas que peu de places où parquer son véhicule et où camper. C’est noir de monde« , témoigne-t-il.
Ainsi, il est amateur de kitsurfing, « un sport de glisse consistant à évoluer avec une planche à la surface d’une étendue d’eau en étant tracté par un cerf-volant ». Marcel, la quarantaine, vient de la région parisienne. Il a traversé, par la route, pratiquement toute l’Espagne avant d’atterrir à Tanger, via Algésiras, et à Dakhla.
Autre voie d’accès à cette « perle du Sud », comme on appelle Dakhla, son aéroport international. Et ce, à la faveur du renouveau que connaissent les Provinces du sud marocain, en matière de développement. Ce dernier a vu la construction, en 2010, d’un nouveau terminal d’une superficie de 2600 m², avec une capacité d’accueil de 300 000 passagers par an.
Par conséquent, de quoi encourager davantage le développement du tourisme dans la ville de Dakhla. Elle se situe à 1690 km au sud de Rabat et à 650 km de Laâyoune. Le tourisme fait son lit dans la ville, capitale de la région Dakhla-Oued Eddahab.
Environ 32,3 milliards de dinars
Par ailleurs, des hôtels ne cessent d’être construits avec souvent des standings assez élevés. Profitant pour beaucoup du développement des infrastructures (routes, voiries, électrification, distribution des eaux,…)
En outre, la visite du Petit Musée du Maroc Saharien, situé dans le bâtiment de la médiathèque de la ville, permet de juger de la richesse du patrimoine culturel de la région. Dont peut évidemment profiter l’activité touristique. Avec souvent des photos, des figures et autres dessins et graphiques qui ne peuvent que valoir le détour.
Comme cette photographie d’Antoine de Saint-Exupéry, écrivain et pilote français, qui a sillonné la région, dans les années vingt. A bord d’un avion de la Compagnie générale aérospatiale, qui assurait des liaisons entre Casablanca et Dakar. Dakhla était une escale sur ce trajet.
Et c’est Maâglaha Dlimi, la directrice des lieux, qui nous présente les différentes pièces du musée. Dont la copie d’une déclaration d’allégeance, datant de 1979, de toutes les tribus de la région à Feu le Roi Hassan II.
La décentralisation pour mieux lutter contre les disparités
De plus, le développement de Dakhla est encouragé dans le cadre de la politique de régionalisation avancée décidée par le Roi Mohamed VI comme choix stratégique. Elle s’inscrit dans la Constitution de 2011 et se met en œuvre dans le cadre de la loi-organique sur la décentralisation en 2015.
Car, elle a pour « objectif d’assurer un meilleur développement du Royaume et lutter contre les disparités territoriales et sociales. Tout en optimisant la répartition de l’effort de l’Etat sur l’ensemble des territoires ». Une politique qui a nécessité un grand investissement. A savoir 110 milliards de dirhams marocains; soit environ 32,3 milliards de dinars d’investissements lancés par les régions jusqu’à la fin de 2021.
De son côté, Imen Cheick est responsable au niveau du Centre d’investissement de Dakhla. Elle nous expose le chemin parcouru par la région Dakhla-Oued Eddahab depuis l’indépendance. La région connaît le plus faible pourcentage de pauvreté de tout le Royaume (3,4%). Elle bénéficie, de plus en plus, d’importants investissements et attire les promoteurs. Tourisme, agriculture, BTP, pêche, communication, transport, Dakhla Oued Eddahab est en plein essor. Et elle est « réellement rentrée dans la compétition économique ».
Manger des huîtres et d’autres fruits de mer
Ainsi, la ville de Dakhla s’est dotée, à titre d’exemple, d’un Palais des congrès accueillant des manifestations d’importance. A l’instar du Forum de Crans-Montana, rencontre de grands dirigeants mondiaux.
De même, expression sans doute de la métamorphose que vit la région: la construction d’un nouveau port, le port Dakhla Atlantique. Un « ancien » port –l’actuel- existe depuis 2001. Le nouveau port est actuellement en phase d’étude. Pour un coût évalué à six milliards de dirhams marocains (près de 2 milliards de dinars). Il fait partie de la stratégie portuaire 2030 établie par le ministère du Transport marocain. Il sera « relié par une voie express aux normes internationales ainsi qu’une ligne de chemin de fer ».
D’ailleurs, le démarrage de sa construction est prévu en cette année 2020 et devra être fin prêt en 2026. A la fois port de pêche et de commerce, il comporte un chantier naval. Un pont d’accès devra permettre de le rejoindre. Une zone industrielle complète le projet. Avec évidement des espaces de congélation de poissons: la zone est connue pour la pêche des sardines.
De plus, Dakhla Atlantique exportera à coup sûr la production aquacole et de coquillage qui fleurit dans la région. Des installations d’élevage en milieu aquatique sont du reste visibles dans la baie de Dakhla, devant un restaurant du nom de Talhamar, où l’on vient manger des huîtres et d’autres fruits de mer.
Et Dakhla Atlantique exportera sans doute aussi les tomates cerise dont les plantations sont une des attractions de la ville. La ferme de Tawarta constitue un exemple à ce titre. Elle a une superficie de 56 hectares. Les tomates sont plantées, dans des serres, en hauteur (jusqu’à 12 mètres). Qui peuvent produire jusqu’à 120 tonnes en utilisant le goutte-à-goutte.
Pourtant, à peine croyable: la région ne connaît pas plus de 17 jours de précipitations par an, avec moins de 55 mm.
De notre envoyé spécial, Mohamed Gontara