La déclaration du chef de gouvernement désigné Elyes Fakhfakh, le 15 février, devait prolonger le feuilleton de la formation du nouveau gouvernement.
En effet, depuis prés de trois mois, c’est un ministère de gestion des affaires qui dirige la Tunisie. Lequel est réduit à sa plus simple expression. Après les nombreuses démissions qu’il a subies. Car les acteurs politiques n’ont pas réussi le jeu du puzzle, suite aux élections d’un « parlement-mosaïque ». Les déboires du chef de gouvernement désigné par Ennahdha, Habib Jemli ont consacré une nouvelle équation politique. Elle contrarie Ennahdha, sans bénéficier de l’aval de ses concurrents.
Alors, on reprocha au « gouvernement des compétences » annoncé, l’absence d’experts qualifiés. Et ce: pour assurer le redressement du pays; traiter la question du chômage; rétablir le pouvoir d’achat; et restaurer la valeur du dinar.
Par ailleurs, le gouvernement Fakhfakh a adopté comme postulat, l’écartement du parti Qalb Tounes. En le plaçant unilatéralement dans l’opposition. Et l’appui des partis Tayar, Chaab et Tahya Tounes, responsables de la chute de Jemli.
Car, désigné par le président de la République, Elyes Fakhfakh aurait formé « le gouvernement du président ». De fait, il rejetait la dépendance du parti Ennahdha. Il la compensait par des concertations régulières avec le président.
Ainsi, la réponse d’Ennahdha ne se fit pas attendre. Elle revendiqua la formation d’un « gouvernement national », intégrant Qalb Tounes. Ce qui lui permettait d’ailleurs de ne pas être l’otage des partis rivaux Tayar, Chaab et Tahya Tounes, dont la discorde était idéologique. Il ne s’agissait pas d’un conflit conjoncturel qui aurait pu être dissipé. Ennahdha annonça son opposition au nouveau gouvernement et la non-participation de ses membres.
Les dés sont jetés
Pourtant, suite à sa rencontre avec le président de la République, le 15 février, Elyes Fakhfakh présenta le gouvernement initialement formé. Tout en regrettant le retrait des cinq ministres de Ennahdha, qu’il comptait intégrer.
En concertation avec le président, il reportait la formation du gouvernement. Il annonçait la reprise des négociations avec les partenaires. En y associant les organisations nationales: l’UGTT et l’UTICA.
Comptait-il défier Ennahdha, par l’ouverture d’un dialogue national? Pouvait-il compenser l’appui parlementaire, par un soutien présidentiel? Les dés sont jetés.
Désormais, la Tunisie vit une conjoncture de paris et de défis. Elle prolonge la crise et reporte la satisfaction des attentes.
Enfin, cerise sur le gâteau, l’équipe gouvernementale initialement formée par le chef du gouvernement désigné, consacre le partage des charges ministérielles entre les partis. En plus de l’écartement de fait des compétences économiques. Ceci annonce une non-prise en compte des épreuves du vécu tunisien et du grave problème du « panier de la ménagère ».