Le secrétaire général de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) Noureddine Taboubi recommande d’instituer un impôt sur la fortune. Il s’exprimait ainsi dans l’émission Tounes El Yaoum d’Elhiwar Ettouni, hier, 23 mars.
A cet égard, le secrétaire général de l’UGTT explique qu’il ne s’agit pas d’une nouvelle revendication. Mais que la situation actuelle impose cette mesure. Et ce, pour renforcer les établissements sanitaires publics. En outre, il a fait allusion à certains hommes d’affaires qui, selon lui, revendiquent des incitations et l’aide de l’Etat en temps de crise. Alors que, pour lui, cette revendication n’est pas une priorité actuellement. D’ailleurs, il déclare qu’assurer le paiement des salaires des employés d’entreprises privées dans cette conjoncture critique « n’est pas une faveur de la part des entreprises ».
De ce fait, l’invité d’Elhiwar Ettounsi affirme que la centrale syndicale a mis en place un observatoire pour les infractions commises. Il cible les établissement industriels qui sont concernées par les mesures de confinement. Et qui travaillent malgré cette disposition. Tout en rappelant que plusieurs entreprises se sont alignées aux mesures de confinement.
Le secrétaire générale de l’UGTT affiche, sans détour, son attachement au monopole de l’Etat pour plusieurs secteurs. Pour lui, l’Etat doit rester le monopole de l’importation des médicaments. Ainsi, il considère que le monopole protège les Tunisiens au niveau alimentaire, logistique, accès à l’eau et accès à électricité. Adressant la paroles aux » partisans de la privatisation », Taboubi affirme que leur souhait n’est qu’une illusion. » Nous tenons à réformer les entreprises publiques grâce aux efforts des cadres et fonctionnaires du secteur privé ». Lance-t-il.
Puis, il revient sur la relation de la centrale syndicale avec la centrale patronale. Il affirme donc que l’UTICA est le partenaire social de l’UGTT. Et ce, malgré les divergences sur un certain nombre de points. Cependant, il fait remarquer que la centrale patronale ne maîtrise pas tous ces affiliés. « Certains veulent surfer sur la vague dans les crises et revendiquer des privilèges de l’Etat ». De son côté, l’UGTT a pu mobiliser 90 millions. Et ce, grâce au prélèvement d’une journée de travail sur les salaires des employés. Afin de soutenir l’Etat.
Ensuite, il évoque la décision de la Présidence du gouvernement qui porte sur la suspension des échéances de crédits pour les salariés dont le salaire ne dépasse pas 1000 dinars. Noureddine Taboubi recommande la généralisation de cette mesure à tous les Tunisiens.
De plus, il rappelle que le contexte est critique. Avec notamment le mois de ramadan qui approche. Il réaffirme sa confiance en la Présidence du gouvernement et dans les institutions bancaires. Lesquelles vont, selon lui, généraliser la mesure à tous les salariés. Tous les Tunisiens sont criblés de dettes, souligne-t-il. Pour lui, on ne parle plus de classe moyenne qui est en voie de disparition. Tout en relevant que même les revenus des directeurs généraux des entreprises publiques sont relativement faibles.
Par ailleurs, le secrétaire général de l’UGTT soutient que la contagion du Coronavirus est en train de se propager en Tunisie.
« La discipline va nous sauver »
Dans ce contexte, le secrétaire général a fait part de son étonnement face au comportement de plusieurs citoyens qui refusent le confinement. Et ce, sous prétexte qu’ils sont en bonne santé. Dans ce sillage, il affirme que tous les Tunisiens sont égaux devant la loi. De même, il exprime son indignation devant le refus de citoyens qui n’acceptent pas que le confinement des cas confirmés se fasse dans des espaces dédiés dans leur région. Alors que des hommes d’affaires ont permis de mettre à la disposition de l’Etat leurs hôtels.
Sachant également que le ministère de l’Enseignement supérieur a préparé, pour sa part, des foyers universitaires pour accueillir les cas confirmés. Ainsi, il rappelle que tous les Tunisiens peuvent être la cible de la pandémie. Le secrétaire général recommande la discipline aux ordres de l’Etat. « La discipline va nous sauver », lance-t-il.
Évoquant le sujet de la justice fiscale, l’intervenant a déclaré qu’il est inconcevable que les salariés assument la part du lion des recettes fiscales à savoir 75%. Il s’est demandé si les recettes fiscales du secteur privé ne représentent que 25%. Face à cette situation, Noureddine Taboubbi recommande la justice fiscale qui peut mobiliser les ressources pour l’Etat. Les ressources générées pour l’Etat peuvent améliorer les services publics d’après lui. « Il faut préparer une loi de la justice fiscale », recommande-t-il.
Certains revendiquent la révision à la baisse des impôts, un Code d’incitation aux investissement. « Pourtant, ce n’est pas le moment actuellement », ajoute-t-il.
Enfin, Noureddine Taboubi affirme que les Tunisiens n’ont trouvé de soutien qu’auprès de l’administration tunisienne. Celle-ci rend des services à tous les citoyens. Et ce, malgré sa diabolisation dans toutes les occasions. « Aujourd’hui, les Tunisiens recourent aux hôpitaux et à la SIPHAT et pas à d’autres structures » constate-t-il fièrement.