« La Tunisie pourrait tirer profit de la crise sanitaire actuelle due à la propagation du coronavirus, pour en faire une opportunité de réaliser des hauts niveaux de croissance et de richesse », a estimé le secrétaire général du conseil d’affaires tuniso-africain, Anis El Jaziri.
Anis El Jaziri évoque, dans une déclaration à l’agence TAP, dix conseils que la Tunisie pourrait suivre pour réussir cette opportunité. Et ce en passant du secteur de la santé jusqu’au système diplomatique.
Les changements prévus en Tunisie et ses choix futurs seront en rapport avec les orientations futures dans le monde, lesquelles porteront sur le renforcement de l’autorité de l’État, du patriotisme. Ainsi que de la souveraineté nationale contre une régression du néolibéralisme, des libertés et des régimes totalitaires.
« Le monde s’achemine vers une révision du rôle économique et social de l’État, en vue de revenir à l’État « Interventionniste » préconisé par l’économiste anglais Jean Ménard Keynes à l’issue du la crise de 1929. Et ce au grand dam de l’État « Gardien » prôné par le néolibéralisme et son fondateur Milton Friedman dans les années (80) », affirme le responsable.
Le Covid-19 ne manquera pas, selon lui, d’accentuer le déplacement de l’influence et du pouvoir de l’Occident vers l’Orient. Et ce avec un recul de la mondialisation et du commerce international et l’effondrement de l’Organisation Mondiale du Commerce. Notamment suite à la montée attendue du protectionnisme en commerce. Et la réduction par les États de l’importation pour remédier aux déséquilibres économiques et sociaux.
Le monde sera, d’après lui, moins ouvert
Les citoyens vont resserrer les rangs autour de leurs gouvernements. Les États et les entreprises vont prendre moins de risques à l’avenir. Ceci engendrera moins de croissance et d’acquis contre davantage de stabilité et une répartition de richesses plus équitable.
« A quoi ça sert de faire davantage de croissance, si la plus grande partie de la population n’en profite pas », dit-il. « A-t-on besoin d’un régime néolibéral féroce qui, pendant les trois dernières décennies, a entassé 80% de la richesse mondiale entre les mains de 1% seulement de la population parmi les milliardaires ».
La Tunisie, note-il, est un pays chanceux, compte tenu de son régime démocratique actuel, lequel est au diapason avec la tendance mondiale à l’avenir. C’est-à-dire après la crise sanitaire, évoquant la possibilité « de tirer profit de cette opportunité historique pour renforcer le rôle de l’État. Et ce à travers l’introduction de réformes profondes dans les secteurs axés sur l’être humain. Tels que la santé, l’enseignement, l’alimentation et la création des opportunités dans des secteurs vitaux.
Il estime nécessaire de favoriser l’accès à la santé publique sans exception. Et d’offrir des services de santé de même qualité à tous les citoyens sans discrimination régionale ou sociale.
Il appelle à poursuivre l’investissement dans les secteurs de l’éducation et de l’enseignement, à rompre avec la discrimination entre l’enseignement public et privé. Ainsi qu’à garantir encore la sécurité alimentaire. Notamment à travers la mise en œuvre d’une stratégie claire dans les secteurs agricoles et agroalimentaires. Il s’agit en outre de favoriser l’accès à un logement décent et à un environnement sain. Et ce, à travers le développement des logements sociaux et la régulation de ce marché.
La Tunisie et la reconstruction de l’après-COVID-19
« L’Etat est en outre, appelé à investir dans le transport public, en introduisant des réformes dans les différents secteurs. Et à accorder autant de priorité au secteur de l’énergie qu’à la sécurité alimentaire du pays. Et ce en investissant dans le domaine des énergies renouvelables », ajoute le responsable. Recommandant ainsi la création d’une entreprise publique spécialisée dans les énergies renouvelables.
La reconstruction de l’après-COVID-19, requiert, selon le secrétaire général du conseil d’affaires tuniso-africain, le renforcement de la transition numérique, la protection des systèmes informatiques et des bases de données de l’État, des banques et des entreprises, à la lumière du développement du travail à distance outre la garantie du minimum des besoins industriels.
Il recommande aussi de développer les services financiers. Notamment à travers la promotion de la création des banques virtuelles et des nouvelles technologies comme « le Blockchain ». Ainsi que les plateformes de paiement direct en monnaie virtuelle et le développement de la bancarisation mobile.