Dans les temps nouveaux, certains acteurs politiques, s’érigent en critique, en ennemis de la culture. Ils la considèrent, comme une activité superflue, une officine de spectacles et de loisirs. Ils ne réalisent pas qu’elle constitue une nécessité, dans la promotion de la création, le développement de l’esprit critique et l’affirmation du patrimoine.
L’annonce de la ministre de la Culture de l’éventuelle autorisation de reprise de tournage, des feuilletons, à l’approche de ramadan, suscita un lever de bouclier, une campagne, soit disant pour protéger les acteurs, en les sortant du confinement de la quarantaine. Qu’en est-il au juste ?
Il est de tradition, que les chaines de télévision tunisiennes diffusent des feuilletons pour agrémenter les soirées de Ramadan. Tout le monde y trouve son compte. Les acteurs, les intermittents du spectacle et les techniciens ont l’occasion de travailler.
En outre, les chaines TV, qui par la diffusion des feuilletons, ont leurs plus grands taux d’écoute, obtiennent des spots de publicité, qui confortent leur financement. La reprise des tournages, tout en parachevant les productions suspendues par la quarantaine, assurent la reprise de travail des hommes du spectacle. Ainsi, elle garantit aussi la vie des chaines TV privées. Celles-ci n’ont pas de moyens de financement, outre la publicité. Bien entendu, les producteurs de films prennent les précautions nécessaires, pour éviter la contagion des équipes.
Que cache cette campagne dite désintéressée ?
D’ailleurs depuis l’usage des feuilletons étrangers, par la chaîne nationale, dans les années soixante dix, des lobbies des feuilletons ont fait leur apparition. Ils demandent l’augmentation de leurs achats aux dépens de la production nationale.
Pour rappel, les premiers feuilletons étrangers étaient égyptiens. Puis, ils cédèrent leur place aux feuilletons produits par les pays du Golfe, avec des acteurs égyptiens.
Actuellement la Tunisie subit une invasion des feuilletons turcs, de plus en plus doublés en arabe dialectal. Bien entendu, des lobbies défendent ces achats prioritaires. Ils bénéficieraient vraisemblablement de certains acteurs tunisiens, vu leur proximité avec l’idéologie du gouvernement turc actuel.
Seraient-ils absents de cette campagne contre les feuilletons tunisiens, qui s’inscrivent dans la société moderniste ?
Cerise sur le gâteau, les feuilletons ramadanesques tunisiens favorisent le développement de la publicité. Elle fait vivre les chaînes TV privées. Ce qui n’arrange pas les chaines de télévision qui bénéficient d’appuis financiers étrangers.
Autre fait bloquant la continuité culturelle, la décision de limiter les programmes des festivals d’été à la production nationale. On souhaiterait ne pas avoir recours aux devises étrangères.
Fut-elle compréhensible, cette décision prive notre projet de société moderniste, de son confort d’ouverture que représentent les programmes internationaux des festivals. On pourrait, dans ce cas, réduire les programmes, tout en gardant quelques programmes internationaux.
En fait, l’épargne des devises devrait en priorité concerner les produits de luxe, les glibettes et les tissus étrangers, responsables du déclin de notre artisanat. Ne perdons pas de vue que la culture est une priorité.